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Père Claude Morneau, 50 ans au service des plus démunis

Père Claude Morneau, 50 ans au service des démunis
Une fois guéri, le père Claude Morneau souhaite repartir aider quelque part dans le monde. Photo: Amine Esseghir

Membre des missionnaires de la Consolata dont le siège québécois est à Cartierville, le père Claude Morneau a consacré près de 50 ans de sa vie à secourir les démunis et les personnes souffrant de la pauvreté en Amérique du Sud et en Afrique. Sa dernière mission: aider des réfugiés vénézuéliens qui se rendaient dans le nord-ouest du Brésil. Il est rentré chez lui cet été, souffrant d’un cancer alors que la pandémie le mettait à risque.

Où étiez-vous avant votre retour à Montréal?

J’étais à Roraima de septembre 2019 jusqu’à mai 2020. Quand la pandémie est arrivée en avril, mes supérieurs m’ont demandé de faire de l’administration pour m’isoler puisque j’étais à risque à cause de mon âge. J’ai 74 ans. Celui qui est venu me remplacer a été contaminé. On était mal pris.

Quand avez-vous su pour votre cancer?

Le problème de santé on le soupçonnait déjà. Mais c’est à Sao Paolo en mai que j’ai fait des analyses de sang et on a décelé le cancer. Je suis rentré à Montréal le 15 août. En fait, j’ai attendu trois mois avant de pouvoir monter dans un avion. Les vols étaient annulés à chaque fois.

Que faisiez-vous à Roraima?

On s’occupait de gens qui venaient comme réfugiés au Brésil. Ce sont des autochtones Warao, des catholiques, qui avec la crise politique et économique au Venezuela ils sont démunis, ils ne peuvent même plus se nourrir. Ils avaient érigé un abri clandestin. Une association brésilienne assurait la nourriture. Notre tâche était de fournir des collations pour 300 personnes. Il y’en avait 850. Il y’avait aussi des enfants à baptiser, des messes à faire le dimanche, des funérailles à célébrer. On offrait aussi l’accompagnement spirituel.

Comment vit-on la pandémie dans un camp de réfugiés?

Quand la COVID est arrivée, l’organisme Médecins sans frontière était là avec des infirmières et des religieuses. Il y avait des tests selon les besoins, mais c’était rudimentaire avec les prises de sang. Aussitôt qu’un cas était déclaré, il était évacué. Il a fallu penser à l’eau aussi. On a dit que les gens devaient se laver les mains continuellement, alors on a acheté le matériel pour installer des points d’eau un peu partout.

Est-ce que c’était votre dernière mission à l’étranger?

On me demande souvent si je suis revenu pour de bon. Je suis de retour pour ma santé. Dans ma tête, si dans trois mois je vais bien, je repartirais. C’est peut-être le troisième cancer que je fais. C’est toujours la maladie qui m’a fait revenir.

Vous pourriez très bien servir les croyants à Montréal. Pourquoi s’exiler ainsi?

Quand je suis revenu du Mozambique il y a cinq ans, je me demandais que faire maintenant. Mais j’ai tellement vu de démunis, de personnes qui ont besoin d’une parole, d’une présence, d’un sourire.

Je pense aussi que j’ai un devoir de reconnaissance, que le Bon Dieu a été tellement bon avec moi qu’il m’a donné de toutes les façons. Pourquoi ne pas redonner au suivant?

Il y a des jeunes que j’ai accompagnés en 1978 au Brésil qui sont maintenant des grands-parents qui m’écrivent encore aujourd’hui et me disent; ‘‘ce que tu nous as donné, c’est une richesse.’’

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