Mettre la littérature à la portée de tous
Pour réaliser une œuvre collective, l’écrivaine Karine Légeron sera en résidence à la bibliothèque d’Ahuntsic jusqu’à l’automne. Son projet ouvert à tous propose aux gens de sortir de chez eux pour redécouvrir leur quartier, de s’en inspirer pour créer.
C’est la première fois depuis 2008 que la bibliothèque d’Ahuntsic reçoit un écrivain en résidence.
Mme Légeron développera un projet collaboratif intitulée À la (re)découverte géopoétique d’Ahuntsic, qui permettra aux personnes intéressées de s’initier à la littérature en participant à un blogue créatif, mais aussi à travers des ateliers d’écriture.
Mme Légeron, Bretonne d’origine et Québécoise d’adoption, a publié un roman Nos vies de plume chez Lémeac éditeur ainsi qu’un recueil de nouvelles Cassures aux éditions Sémaphore, mais aussi plusieurs nouvelles dans les revues Rue Saint-Ambroise et Le Crachoir de Flaubert.
Elle participe également à un mouvement en littérature appelé la géopoétique.
«C’est un courant de pensée qui invite les gens à vivre leur monde», indique-t-elle.
Le projet qu’elle a mis sur pied avec la bibliothèque Ahuntsic est entièrement ancré dans cette démarche. Elle propose aux gens de se promener dans leur quartier et rapporter ce qui les inspire.
«Il s’agit de reprendre conscience de ce qui les entoure», souligne-t-elle.
Tout peut alors être sujet de création par ce qu’il suscite comme émotion, les rues, les ruelles, les parcs, la végétation, le fleuve et même les reliefs géophysiques.
Écrire et plus
La résidence commencera officiellement 5 mai avec une table ronde en visioconférence.
Mme Légeron animera une discussion avec les écrivains Rachel Bouvet, André Carpentier et Roxanne Lajoie. Ce sera une introduction à la géopoétique.
Jusqu’en septembre, elle alimentera avec les citoyens participants un blogue.
Tout le monde pourra y contribuer par des textes bien entendu, mais aussi avec des photos, des esquisses, des dessins que leur auront inspirés leurs promenades à Ahuntsic.
«J’aimerais que les gens ajoutent à chaque fois quelques lignes quand ils apporteront leurs contributions qui ne seront pas textuelles», espère-t-elle.
Par ailleurs, Mme Légeron animera quatre ateliers d’écriture. D’une durée de cinq semaines chacun, ils seront l’occasion de faire des exercices d’écriture. Ce sera aussi des lieux d’échanges et de commentaire avec les autres écrivains en herbe.
«On devrait avoir sept personnes à chaque fois. Cela permettra de rejoindre une trentaine de personnes en tout», assure-t-elle.
Les horaires et les jours ont aussi été programmés de manière différente pour que chaque session permette à un maximum de gens de prendre part à ces ateliers.
Dans un quartier aussi diversifié qu’Ahuntsic, une idée chemine pour offrir une place aux personnes issues des communautés immigrantes.
«On voudrait avoir un atelier d’écriture avec des étudiants en francisation. Des gens qui commencent à apprendre, mais qui ont un niveau suffisant dans la langue», souligne le bibliothécaire Paul Cardin, qui participe à la mise sur pied de la résidence d’écriture.
Sur un plan plus personnel, Mme Légeron espère collecter lors de ce séjour du matériel pour une future publication.
«On ne peut pas écrire un livre en six mois, mais ces rencontres alimenteront ma création et ma réflexion», confie telle.
Des affiches apparaitront bientôt notamment dans les bibliothèques d’Ahuntsic-Cartierville et dans certains organismes pour inviter les gens à participer à ce grand projet culturel.
Géopoétique
Le mot a été inventé dans les années 1960, d’abord par le poète français Michel Deguy. Il a été rejoint à la fin des années 1970 par le poète, écrivain et essayiste Kenneth White. Le travail géopoétique est défini comme une exploration. Il invite à aller à l’extérieur et demeurer sensible aux signes que l’environnement livre pour en faire une source d’inspiration.