Une année difficile: la rétrospective de cégépiens sur les cours en ligne
L’année écoulée n’a pas été facile pour les étudiants des cégeps de Montréal. Le retour en présentiel cette année, même avec des masques, ressemble à une libération.
Jean-Manuel Doran-Penafiel du Cégep de Maisonneuve, qui poursuit un double DEC en environnement, qualifie carrément les cours en ligne de «black-out». Il ne se souvient de presque rien.
«Je passe en deuxième année, mais je n’ai jamais vraiment été au cégep. Les seuls cours dont je me rappelle sont ceux de math, de laboratoire ou de politique dans un parc. C’était mes meilleures expériences de l’année», confie-t-il.
Pierre-Étienne Phaneuf, du Cégep Saint-Laurent, termine sa technique en hygiène et sécurité au travail.
«Pour ma deuxième session à distance, ça allait mieux, parce que j’avais une méthodologie pour apprendre», souligne-t-il.
Ce sont surtout les travaux en laboratoire et sur le terrain qui lui ont permis de reprendre du poil de la bête. Il avoue qu’avec le format des cours en ligne, il a eu du mal à être assidu avec ses travaux à la première session de son Cégep.
«Pour les matières théoriques en ligne, comme le français, je n’ai pas tant retenu. J’ai eu plus de misère à suivre», admet Pierre-Étienne Phaneuf.
«Des séances d’impro ou de théâtre, c’est à cela que je pensais au cégep. C’est à cela que je rêvais.»
Jean-Manuel Doran-Penafiel, étudiant au Cégep de Maisonneuve.
Les deux étudiants pensent aussi au corps enseignant. «On parle des étudiants, mais on oublie les profs. Certains m’ont dit qu’une partie de baby-foot après les cours c’est essentiel», s’insurge Jean-Manuel Doran-Penafiel.
En ligne, même les interactions les plus simples étaient inexistantes. Il fallait vivre seul ses émotions, même quand elles étaient positives.
«Quand un prof fait une blague, je n’ai pas le réflexe de démuter pour qu’il m’entende rire», illustre Pierre-Étienne Phaneuf.
Même s’ils disent comprendre la nécessité des mesures sanitaires, ils terminent cette année scolaire avec un certain ressentiment.
«Il y avait cette espèce distorsion dans laquelle on ne pouvait pas différencier le lieu de travail du lieu de repos ou de confort. Tu te levais le matin, tu déjeunais et tu avais un examen de mathématique au même bureau où tu dessinais, où tu étais sur Facebook», raconte Jean-Manuel Doran-Penafiel.
Les deux étudiants mentionnent aussi les difficultés des cégépiens qui vivent des situations familiales difficiles et qui s’en éloignaient grâce aux études. Ils évoquent aussi leurs camarades qui étaient en appartement et qui devaient composer avec des colocataires turbulents.