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Construire un terrain de baseball professionnel, une tâche ardue

Dominic Désilets au stade Gary-Carter à Ahuntsic. Photo: Amine Esseghir/Métro Média

La Ville de Montréal dispose d’une seule équipe capable d’aménager un terrain de baseball selon les normes de la Major League Baseball (MLB). Elle est basée à Ahuntsic-Cartierville. Son chef, Dominic Désilets, explique quelles responsabilités incombent à ses techniciens sans qui une partie de balle deviendrait carrément dangereuse.

Quand est-ce qu’on a commencé à entendre parler de vous?

Quand les Blue Jays de Toronto sont venus jouer la première fois à Montréal en 2014 [jouer contre les Mets de New York en matchs préparatoires], j’ai approché Evenko [l’organisateur de l’événement] pour leur dire qu’il n’y avait pas beaucoup de gens capables de préparer un terrain selon les normes de la MLB.

Eux voulaient des bénévoles pour le faire. Je leur avais dit que ça prenait des gens un peu plus qualifiés.

On a alors monté une équipe [avec des employés qui avaient l’habitude de préparer des terrains de baseball]. On avait avec nous Pierre Vézina qui avait travaillé avec les Expos une vingtaine d’années. Il y avait aussi deux autres employés d’Ahuntsic-Cartierville qui travaillent avec moi. J’avais aussi recruté un gars de Saint-Bruno, qui aimait beaucoup ça.

Ce qui avait été dit à l’époque, c’est que c’était des gens de Toronto qui étaient venus faire le terrain au Stade olympique. C’était complètement faux.

La première année, on a été supervisé par un employé des Blue Jays et on a réussi à monter un terrain presque parfait. Dans le test de la Major League, il faut réussir 56 mesures. On en a eu 55 parfaites.

Les Blue Jays sont venus jouer à six reprises à Montréal et j’ai été responsable du terrain à chaque fois. Si la première année ça n’avait pas fonctionné, assurément on ne m’aurait plus jamais rappelé.

D’ailleurs, l’ancien maire Coderre qui est un passionné de baseball rappelait que c’était ses boys de la Ville qui avaient fait le travail.

Puis en 2017, on a été sélectionné pour préparer les terrains du Championnat du monde à Thunder Bay [championnat junior]. On est allé 21 jours travailler là-bas.

Qu’est-ce que cela vous inspire d’avoir une telle feuille de route?

Au-delà du travail, il y a une énorme fierté de voir des gens d’ici préparer les terrains.

En quoi est-ce si compliqué de délimiter sur une surface quelconque un terrain de baseball?

Dans le baseball majeur professionnel, il y a un paquet de normes que le terrain doit respecter et il n’y a aucune tolérance. Si on dit qu’il y a un dénivelé entre le marbre et le monticule de 10 pouces, bien ce sera 10 pouces parfaits, mesuré avec des lasers.

Et cela ne suffit pas. Nous sommes aussi responsables de la sécurité des joueurs. Ce sont des athlètes qui valent des millions et personne ne veut que le terrain soit à l’origine d’une blessure.

Sinon, il y a beaucoup de choses à considérer comme l’accès l’eau et les matériaux efficaces. Chez les pros, on essaye le plus possible de rendre le terrain facile à jouer. On va vérifier la dureté du sol pour s’assurer que les rebonds arrivent à la hauteur de la taille. Les balles frappées sur un terrain qui n’est pas nivelé peuvent partir dans n’importe quelle direction.

Oui les joueurs sont bons à la télévision, mais ils évoluent sur des terrains qui sont en excellente condition.

Est-ce que cela demande plus que des compétences techniques?

Ça prend des gens passionnés. C’est un travail qui est très dur qui demande un très haut niveau de précision. Il faut des perfectionnistes. Les employés qui travaillent avec moi sur ces projets savent quel degré il faut atteindre. Ils vont mettre le temps et les efforts pour cela.

Êtes-vous un passionné vous-même?

J’ai joué au baseball de mes cinq ans à junior élite. J’ai ensuite entraîné des équipes bantam et junior. J’ai coaché des joueurs comme Russel Martin quand il avait 14 ans.

En 2017, j’ai écrit deux guides pour l’entretien des terrains de baseball et softball. En 2009, j’ai fondé ma propre compagnie, Désilets baseball avec laquelle je donnais des conférences sur l’entretien des terrains de baseball à travers le Québec.

Ces conférences, on n’a pas idée du travail qui est derrière. Sans passion, ça ne fonctionnerait pas.

Vous avez de la chance d’associer passion et travail.

Je considère que je suis chanceux, assurément.

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