Aérospatiale : visite de la plus grande usine-école au pays
Créée il y a 25 ans, l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal (EMAM) est la plus grande usine-école au Canada. Alors que des milliers de postes sont à combler dans l’industrie, les métiers de l’aérospatiale et l’ÉMAM sont encore trop méconnus, estime son directeur.
D’une superficie de 15 000 m², soit l’équivalent de deux terrains de football, l’EMAM accueille présentement 400 élèves, mais pourrait en accepter davantage. « Les élèves apprennent à construire des avions », explique le directeur de l’EMAM Éric Dionne. Dès la sortie du secondaire, il est possible de s’inscrire dans l’un des cinq programmes de formation : structure, tôlerie, mécanique, câblage et usinage. « La moyenne d’âge des étudiants est de 30 ans, car ce sont surtout des gens qui font un retour au travail ou qui changent de domaine », indique M. Dionne.
Unique en son genre
Avant la création de l’EMAM il y a 25 ans, il n’existait aucune école de formation sur les métiers en aérospatiale. S’apparentant à une usine à l’extérieur et à l’intérieur, le bâtiment situé devant la station de métro l’Assomption reflète exactement la réalité du marché du travail, car tout a été pensé par des gens de l’industrie aérospatiale. « On voulait s’assurer que les étudiants soient le plus près possible de la réalité en entreprise », mentionne la directrice du Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatiale au Québec (CAMAQ) Nathalie Paré.
En plus de former des travailleurs pour le marché du travail, l’EMAM offre des services aux entreprises. Lorsqu’une entreprise a un besoin urgent, l’école-usine se charge de faire de la formation accélérée. En 15 semaines, les nouveaux employés ont une formation adaptée à une entreprise spécifique.
Des métiers peu connus
Il y aura plus de 37 000 postes à combler d’ici 2028 dans le secteur de la fabrication aérospatiale. En plus du roulement standard, il y a 10 000 nouveaux postes, car l’industrie fait en moyenne une croissance de 2% par année, indique Mme Paré. Tous les finissants de l’EMAM auront un emploi, assure le directeur. « On a un taux de placement de 100%, mais les métiers de l’aérospatial ne sont pas assez connus », ajoute-t-il.
1 travailleur sur 54 est relié au domaine de l’aérospatiale. Il gagne 15% de plus que ceux des autres secteurs manufacturiers.
Selon Éric Dionne, même les gens du quartier ne savent pas que l’EMAM existe. Pour la faire connaître, des portes ouvertes sont organisées mardi avec plusieurs entreprises de l’industrie.
« On fait de la promotion, mais c’est comme si ça ne se rendait pas au grand public. À l’école secondaire, on parle de l’aérospatial, mais on ne parle pas beaucoup des métiers comme tels aux jeunes, ni du taux de placement », pense celui qui a déjà été directeur d’une école secondaire. « Souvent les gens connaissent le pilote, l’agent de bord, mais ne pensent pas à la personne qui a construit l’avion ou à celle qui l’entretient, émet Nathalie Paré. Il y a tout un monde autour de l’avion que les gens n’imaginent pas. »
Selon Nathalie Paré et Éric Dionne, l’école est tributaire des mauvaises nouvelles qui passent dans les médias. « Quand on parle du monde de l’insdustrie, on parle de coupures. Les gens pensent qu’il n’y a pas d’emploi alors qu’il y en a partout », dit le directeur.