Hochelaga: Bientôt 23 000 voisins rassemblés sur Facebook
Échange de bons plans, partage d’expériences et mini-débats sur les enjeux de l’arrondissement : le groupe Facebook Hochelaga MON Quartier rassemble une cybercommunauté très active et la pandémie a révélé la solidarité notable de ce réseau de voisins 2.0.
«Les gens viennent sur le groupe pour chercher de l’aide, des astuces et un support moral, explique l’une de ses administratrices, Geneviève Tardy. Cela s’est encore plus vu durant la crise de la COVID-19.»
Elle explique que le réseau a par exemple permis à certains d’offrir leurs services pour aller faire les courses de ceux qui ne pouvaient pas sortir, de promouvoir l’achat auprès d’entreprises locales et de partager les frustrations liées à l’enfermement.
Au début de la pandémie, le groupe comptait 19 000. Il frôle désormais les 23 000 membres, soit une augmentation de 15% pendant la crise. Deux administrateurs supplémentaires ont dû être recrutés dans les derniers mois pour assurer la modération des publications.
Réseau d’entraide
Créé en 2015, Hochelaga MON Quartier était initialement destiné à échanger des avis politiques. Peu à peu, les conversations y ont dévié sur des thèmes plus pratico-pratiques. Ses fondateurs ont alors souhaité le supprimer, mais une vague défensive s’est élevée pour continuer à le faire vivre. Deux nouvelles administratrices en ont donc repris les commandes en 2017.
Questionnés directement sur la plateforme, les utilisateurs évoquent de nombreuses raisons de le fréquenter. Beaucoup apprécient son utilité pour trouver de l’information sur les services disponibles dans le quartier et les échanges, souvent humoristiques, qu’on peut y lire. Quelques utilisateurs partagent simplement des photos : un arc-en-ciel aperçu durant le confinement, un beau coucher de soleil estival ou des graffitis colorés au détour d’une rue.
Voisins 2.0
Les administratrices du groupe observent que les internautes qui le composent proviennent d’horizons très différents : les nouveaux arrivants dans le quartier, jeunes professionnels associés à l’embourgeoisement ; les résidents de plus longue date, davantage issus de la classe ouvrière ; et une poignée d’«antis-tout» : anti-police, anti-condos, anti-embourgeoisement…qui donnent du travail aux modérateurs!
Cette diversité explique que les opinions divergent souvent dans les commentaires, mais témoigne une solidarité au-delà des clivages sociaux, basée sur l’esprit de voisinage.
«L’entraide et le pouvoir de mobilisation entre voisins, c’est l’attrait principal de ce groupe, mais aussi l’ADN d’Hochelaga», dit Geneviève Tardy.
Modérateurs dévoués
L’activité importante d’Hochelaga MON Quartier – une quarantaine de publications par jour environ, et tous les commentaires qu’elles suscitent – implique la surveillance permanente de quatre bénévoles.
«C’est la première chose que je fais en me levant, et la dernière chose que je fais avant de me coucher», dit Geneviève Tardy, qui occupe également un poste de responsable des communications pour deux organismes environnementaux à temps plein.
«On a fait des sondages sur le groupe pour en établir les règles, sinon c’est ingérable. Les annonces commerciales, par exemple, sont bannies. Ainsi, on peut dire aux gens qui nous accusent de censure qu’on ne fait que suivre des règles qui ont été votées de façon démocratique. Mais ça n’empêche pas qu’on se fait régulièrement insulter», ajoute-t-elle.