Fermeture des restaurants: bris de confiance avec le gouvernement
La révélation que la fermeture des salles à manger des restaurants a été imposée malgré l’avis contraire de la Santé publique a été reçue comme une claque au visage, selon un regroupement d’entrepreneurs québécois. Ce dernier exige la réouverture immédiate des établissements en zone rouge.
Excédé par les mesures sanitaires et les fermetures en découlant, le regroupement Entrepreneurs en Action du Québec (EAQ) invitait ses membres à fermer la porte de leurs entreprises et commerces aux députés caquistes dans un communiqué intitulé Vous refusez de nous ouvrir! On refusera de vous servir. Ce dernier avait été envoyé quelques heures avant que le Dr Horacio Arruda affirme en commission parlementaire que la Santé publique n’avait pas conseillé au gouvernement de fermer les salles à manger des restaurants en octobre.
Depuis, la grogne s’est intensifiée. L’EAQ demande carrément des comptes au premier ministre François Legault. En prenant «une décision purement politique, le gouvernement a poussé des restaurateurs à la faillite», affirme par voie de communiqué le président du regroupement, Benoit Girouard.
Réagissant aux propos du Dr Arruda, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, maintient que la décision de fermer les restaurants était la bonne.
Rejoint par Métro, Benoit Girouard est loin de partager cet avis.
«C’est l’équivalent d’une claque au visage. En ce moment, ce que le gouvernement nous prouve, c’est qu’ils n’ont pas le contrôle, peu importe où ça se passe.» – Benoit Girard, Entrepreneurs en Action du Québec
Il donne l’exemple de l’Ontario où des chiffres démontrent que les cas de contagion ne proviennent pas du milieu de la restauration.
Benoit Girard souligne aussi que la fermeture des restaurants à un impact négatif sur une multitude de secteurs.
«C’est un écosystème, explique-t-il. Un restaurateur a tellement de fournisseurs, qu’il y a peu d’industries qui se comparent à ça. Les producteurs laitiers du Québec viennent d’être coupés sur leur quota, parce que la restauration était l’un des plus grands acheteurs de produits laitiers.»
Selon le président de l’EAQ, le remède est pire que la maladie et les dommages collatéraux marqueront les entrepreneurs du Québec «bien au-delà de 2021».
Réaction du milieu
«Le gouvernement de la CAQ et son chef viennent de rompre le lien de confiance avec le secteur de la restauration, affirme Vianney Godbout, propriétaire de la Chasse-Galerie, Cœur de loup et la Mignonette, des restaurants situés dans Le Plateau, Rosemont – La Petite-Patrie et le Quartier des spactacles. Nous avons investi des milliers de dollars dans nos restos pour nous conformer aux mesures. Pour rien?»
Certains restaurants n’ont pas eu le choix d’opter pour une fermeture définitive, comme dans le cas du Le Maizonneuve dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.
«J’ai été obligé de mettre mon resto en faillite en raison du manque de soutien efficace des instances provinciales et parce que le fédéral a placé la survie de mon entreprise entre les mains de mon propriétaire. J’ai tout perdu en plus de mon crédit personnel. Est-ce qu’un député jovialiste de la CAQ se représente ce que c’est de voir sa vie partir en fumée?» demande Marie-Josée Condrain.
D’autres ne demandent pas seulement un soutien financier, mais également un soutien moral de la part de leurs élus.
«J’ai un bureau caquiste à 3 pas de mon café. Ma députée est venue une fois en 9 mois. Zéro depuis les mesures abusives et n’a jamais donné suite à mon cri du cœur» s’exclame Maya Bernatchez, copropriétaire du café FOMO à Pointe-aux-Trembles, fief de Chantal Rouleau, ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal.
L’EAQ représente 1800 membres, ce qui comprend entre 225 et 250 restaurateurs dans tout le Québec.