Des images d'horreur peuvent laisser des traces
C’est le procès du présumé dépeceur de Montréal, Luka Rocco Magnotta, qui est à l’origine d’une entrevue avec le professeur de psychiatrie de l’Université McGill, Alain Brunet, publié dans le magazine L’Actualité, récemment. Rattaché au Douglas, le professeur Brunet a abordé les effets dévastateurs de pareilles scènes d’horreur sur les témoins, les policiers et les enquêteurs, et sur les jurés confrontés au rappel des événements.
Docteur en psychologie, Alain Brunet parle du traumatisme, dont les12 jurés courent le risque d’être victimes à un moment ou l’autre. Ces jurés sont confinés et exposés à des récits d’horreur et des images morbides, qui laisseront des traces par association dans leur propre vie courante. Le psychologue a prévenu les autorités des risques que ce procès entraîne des dommages collatéraux chez des personnes plus fragiles sur le plan psychique.
Retour des combattants
En entrevue au Messager, Alain Brunet a rappelé ses recherches sur le trouble de stress post-traumatique (TSPT) qui frappe de nombreux soldats canadiens de retour d’Afghanistan.
«Les idées suicidaires sont multipliés par 12 et les tentatives de suicide par 36 parmi les membres des Forces armées canadiennes qui ont déclaré avoir reçu un diagnostic de TSPT», souligne le chercheur. Directeur de la Division de recherche psychosociale au Douglas, Alain Brunet est un des grands spécialistes de ce type de traumatisme.
Aux questions concernant l’exposition du public à la violence, l’éminent professeur ne semble pas aussi inquiet que le public en général, de l’influence des médias comme incitatif à commetre des actes vi0olents. Le chercheur a répondu brièvement sur la profusion d’images et d’histoires violentes que les médias, en particulier par le biais la télévision et le cinéma diffusent allégrement. D’après lui, «ces images laissent peu de traces dans la psyché des spectateurs». Le psychologue estime par contre que des images diffusées en boucle des horreurs du 11 septembre 2001, ont eu un effet sur certaines personnes. Alain Brunet y va d’un conseil: «chacun développe ses façons de gérer ses souvenirs, dit-il. Il ne faut surtout pas les refouler», insiste-t-il.