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Le Messager de Verdun a 100 ans!

Le Messager a 100 ans et comme pour toute personne qui franchit ce cap, il est de bon aloi de lui demander la recette de sa longévité. L’histoire du Messager démontre que le journal a collé de près à la réalité de son milieu, d’où le sentiment général selon lequel l’institution «fait partie des meubles». Parcourons donc en quelques centaines de mots, l’histoire de votre journal local.

La préhistoire du Messager

Né près de Moncton au Nouveau-Brunswick, Thaddée-Donat Léger, fondateur du Messager, a d’abord cherché fortune aux États-Unis en 1899. Il vécut quelques années à Lowell au Massachussetts comme plusieurs Canadiens français en quête de travail chez nos voisins américains. De retour au pays, T.-D. Léger s’est d’abord fixé à Iberville lorsqu’il trouva du travail comme typographe au journal «Le Canada français» de Saint-Jean. Le jeune homme quitta cette région en 1906 pour s’installer ensuite à Verdun, alors qu’il venait d’être embauché par le quotidien «Le Canada», créé trois ans plus tôt.

Dès son arrivée à Verdun, le jeune père de famille d’origine acadienne se lia d’amitié avec l’abbé Richard, ce bâtisseur local, lui-même d’origine acadienne. Thaddée-Donat Léger s’est construit une maison rue Rielle, à deux pas de la rue Wellington. C’est là que naquit un journal, qui après des discussions familiales passionnées, portera le nom de Messager. Pour M. Léger, ce fut d’abord un loisir. Puis, celui-ci se procurera peu à peu de l’équipement d’imprimerie qu’il installera dans un petit hangar en face de sa propriété. C’était en 1912, l’année du naufrage du Titanic.

Au début, Le Messager avait un tirage de 300 exemplaires par semaine lorsqu’en 1913, Thaddée-Donat Léger installe son atelier au rez-de-chaussée de sa maison. Il faisait tout : rédaction, composition, impression et pliage en quatre de l’unique feuille du journal avec ses enfants, sans compter la distribution en famille.

L’ère Duhamel

L’homme d’affaires Henri Duhamel (senior) connaissait bien M. Léger et lui fit une offre pour acheter son journal après quatre ans de publication, en 1916. Henri Duhamel avait travaillé comme typographe au Montreal Star & Standard et il avait séjourné aux États-Unis pour étudier de plus près le développement des journaux locaux là-bas.

C’est en bref tout ce qu’on sait de cette époque (1912-1927) en l’absence d’exemplaires du Messager dans les archives. On peut donc définir cette période comme la préhistoire du Messager, n’ayant pour témoignages que les souvenirs de quelques individus, dont la fille de M.Léger, Marie-Jeanne Roy que le père Déziel cite dans son «Histoire de Verdun».

«Thaddée-Donat Léger, fondateur du Messager est décédé à l’âge de 85 ans, le 24 février 1944», rapportait Le Messager dans son édition du jeudi 2 mars 1944. C’était l’arrière-grand-père de la députée Nicole Léger et de son frère Jean-Marc de Léger Marketing.

De 300 exemplaires à ses débuts, le tirage du Messager sous la direction d’Henri Duhamel est passé à 6000 exemplaires au début des années 20 avec un contenu bilingue que le propriétaire justifie par le nombre d’anglophones à Verdun à l’époque (près de 50% de la population).

En 1927, «Le Messager de la Cité de Verdun» publie à 10 000 exemplaires et son propriétaire, Henri Duhamel, fonde alors Le Messager de Lachine.

La force du Messager, c’est qu’il est entièrement produit à l’atelier du journal. En effet, avec l’aide de son épouse Gilberte Dubé qui faisait la comptabilité, l’administration et la traduction des textes, Henri Duhamel Sr a fait du «Messager de la Cité de Verdun», le principal diffuseur de publicité des marchands de Verdun. Peu à peu les fils du couple Duhamel sont venus donner un coup de main à leurs parents à l’atelier du boulevard LaSalle, coin Atwater, enregistré sous le nom de Verdun Printing & Publishing. Cette imprimerie a vite connu le succès en acceptant des contrats d’impression de circulaires et autres périodiques en plus d’assurer la composition et la publication de ses propres journaux.

Les réclames occupaient d’ailleurs une place prépondérante par rapport à la nouvelle locale, même en première page.

Le Messager prend désormais position

Le Messager évite généralement de susciter la controverse, mais toutefois en 1929, le journal appuie la vente de bière jusque-là interdite à Verdun, tout en faisant campagne pour la construction d’un hôpital et pour encourager l’achat local.

Dans les années 30, Le Messager ne porte plus la mention «de la Cité de Verdun», mais celle de «Verdun, Côte St-Paul, Point St-Charles, Ville LaSalle». On doit comprendre que Le Messager desservait Verdun et les communautés environnantes, dont LaSalle qui n’était encore qu’une petite ville sans journal local.

Au début de cette décennie, deux sujets retiennent l’attention du Messager, la crise économique avec ses records de chômage et de pauvreté et le projet de construction d’un hôpital qui sera inauguré en 1932. L’Hôpital du Christ-Roi de Verdun fera la une du Messager, tout comme le projet jamais réalisé de construire un hôpital pour les vétérans.

L’année 1936 est une année charnière sur la scène politique provinciale après le long règne du libéral Louis-Alexandre Taschereau. Henri Duhamel (senior) fait une brève incursion en politique active comme candidat libéral d’Adélard Godbout. Celui-ci est cependant défait par le candidat de l’Union Nationale de Maurice Duplessis, P.-A. Lafleur. Mais en 1939, les libéraux reprendront le comté de Verdun.

Les critères d’éthique journalistique étaient plutôt permissifs à l’époque si on se fie à la couverture que le propriétaire du Messager se réserve en première page comparativement à l’espace réservé aux autres candidats qui l’affrontent!…

Du travail pour les Verdunois

Afin de limiter les dommages de la crise économique qui entraînera une longue période de stagnation (1929-1939), la Ville de Verdun versera des prestations de secours direct aux familles et des allocations aux chômeurs, tout en investissant dans des travaux publics pour créer de l’emploi. C’est ainsi que l’Auditorium (1939) fut mis en chantier ainsi que le Natatorium (inauguré en 1943). Le Messager fera état de ces réalisations.

En outre, Le Messager servira de relais à l’effort de guerre pendant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945). Le journal exprimera un appui sans équivoque à l’engagement canadien, dont la communauté verdunoise est championne dans ce conflit. Des campagnes de financement pour le mieux-être des soldats outremer en passant par l’entraînement à L’Auditorium réquisitionné par l’armée pour la durée de la guerre feront la manchette du journal. Les parades et les cérémonies en hommage aux héros, comme l’aviateur Buzz Beurling, sont rapportés religieusement dans Le Messager tandis que les publicités pour l’achat d’obligations (bonds) de la victoire, et le soutien aux troupes et à la Croix-Rouge se multiplient. En 1944, Verdun, la troisième ville du Québec par sa population, compte 70,000 habitants.

L’âge d’or des journaux

Après une décennie de privation et les années de guerre sous le signe du rationnement et de la pénurie, 1946 marque le retour de la prospérité, des biens de consommation et des nouvelles inventions. Ironiquement, le comptable du Messager, Léo Forget, disait plus récemment de cette période et de la publication d’aujourd’hui : «autrefois on imprimait de l’argent, aujourd’hui on imprime des journaux».

Le Messager compte de plus en plus de pages et son tirage ne cesse d’augmenter car les commerçants multiplient leurs achats de publicité. Qu’on pense au réfrigérateur et aux appareils ménagers pratiquement inexistants avant la guerre. Qu’on pense surtout à la télévision qui fait son apparition dans les foyers verdunois à partir de 1952. Celle-ci va tout changer dans les habitudes de vie des gens. Par exemple, un annonceur invite les Verdunois à acheter une télévision pour regarder les matchs de lutte, «L’heure des quilles» ou plus tard «La soirée du hockey», le rendez-vous hebdomadaire des amateurs de sports.

Verdun de plus en plus francophone

Entre temps, la présence du français dans Le Messager va s’affirmer au cours des années 60, au moment où la population francophone devient nettement majoritaire à Verdun. (66% et plus). L’après-guerre est aussi marqué par la naissance de la station de radio CKVL Verdun, dont le Messager salue l’installation dans l’ancienne salle de danse Woodhall, rue Gordon en 1946.

La vente de L’Île Saint-Paul (l’Île-des-Soeurs) par la Congrégation Notre-Dame (C.N.D) à un promoteur immobilier américain (la Société Quebec Home and Mortgage) en 1956, et l’annexion de l’Île au territoire verdunois, précèdent de quelques années la construction du pont Champlain (1962), seul lien routier avec l’Île de Montréal.

Verdun grossit rapidement mais L’Île-des-Soeurs ne sera jamais, malgré les efforts des Duhamel, le terrain propice à l’expansion du Messager de Verdun en raison du contraste socio-économique entre l’Île et le reste de Verdun.

En 1973, Henri Duhamel (senior) qui dirigeait Le Messager depuis son achat en 1916, cède le flambeau à son fils, Henri (junior) qui assumera avec ses frères, la direction du Messager de Verdun et des autres journaux créés ou acquis au cours des années (le Messager de Lachine, le Messager de LaSalle etc.). Notez qu’Henri Duhamel Jr a débuté au Messager en 1942 à l’âge de 16 ans, après avoir suivi une formation de linotypiste.

En 1976, Le Messager publie en collaboration avec la Ville de Verdun, un cahier spécial pour marquer le centenaire de la municipalité. 25 ans plus tard en 2001, Le Messager participe à la production d’un cahier-souvenir sur le 125e anniversaire de Verdun qui sera annexée à Montréal, un an plus tard en 2002.

Entre temps, Le Messager et les autres journaux de Publications Dumont sous la gouverne de la famille Duhamel sont vendus à Cogeco en 1990, avant d’être repris six ans plus tard par Transcontinental.

Parmi les associés et les collaborateurs au fil du temps, outre Henri Duhamel (Jr) et ses frères Guy et Maurice, directeur du Messager de Verdun, on note l’oncle Gaston Dubé, responsable de la distribution et les collaborateurs dont la signature apparaît semaine après semaine dans le journal. Qu’on pense à Sylvie Claude (dans les années 60 et 70) pour la chronique sociale qui deviendra «La page à Réjeanne» avec Réjeanne Lemieux dans les années 80 et 90, sans oublier Edna Royston qui a tenu l’équivalent anglophone de cette chronique sous le nom de Social News.

La publication de dépêches et de communiqués non signés était la règle au Messager et dans la plupart des journaux hebdomadaires jusque dans les années 80. Les éditeurs, dont Henri Duhamel (fils) et son frère Maurice au Messager Verdun, ont embauché des journalistes et appliqué une politique de rédaction (entre 1970 et 1985). Parmi les journalistes dont on peut difficilement oublier le passage au Messager, notons Carole Beaulieu, actuellement éditrice et rédactrice en chef du magazine L’Actualité, et Alain Allard et Jim Vanni, qui sont depuis décédés.

Nous tenons à sincèrement remercier Laurent Dugas, et aussi Gilles Lepage de la Société d’histoire et de généalogie de Verdun pour leur précieuse collaboration dans la recherche d’archives.

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