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uKa protéine: les insectes dans votre assiette

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

C’est à la suite de plusieurs rencontres avec son médecin que l’ex-triathlonienne Marie-Loup Tremblay a su que son alimentation avait un déficit crucial en vitamine B12. Afin de maximiser ses performances, elle a cherché les meilleurs moyens de remédier à la situation. Depuis, elle est à la tête d’une compagnie qui vend de petits grillons rôtis en guise de chips à l’apéro ou de croûtons dans une salade.

Pour la résidente de L’Île-des-Sœurs, ce qui était au départ un simple intérêt personnel est vite devenu un mode de vie et une philosophie qu’elle a souhaité partager à d’autres. De cette volonté est née sa compagnie: uKa protéine.

«En 2012, après le Championnat du monde de triathlon, je me suis blessée sérieusement. J’ai dû subir une opération pour reconstruire ma coiffe des rotateurs dans l’épaule, et je ne peux plus nager. L’année suivante, je me suis lancée en affaires, un mois avant que le rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) soit publié.»

Ce rapport indique que d’ici 2030, la consommation d’insecte sera absolument essentielle afin de nourrir les 9 milliards d’humains sur terre et de préserver l’environnement. Devant cette évidence, Mme Tremblay a décidé de prendre son bâton de pèlerin, et de tenter de sensibiliser les gens à l’importance des insectes dans l’alimentation durable.

«Au départ, je faisais mes produits à la maison. Les premiers spécimens contenaient des insectes entiers, visibles. Je voulais qu’ils deviennent la cerise dans la salade de fruits, le point culminant dans l’assiette. Après une étude de marketing, j’ai compris que ce n’était pas le bon choix», lance-t-elle en s’esclaffant.

Pour les plus frileux, UKa protéine a créé des barres de protéines à base de farines de grillons. «Il n’y a rien dans l’aliment qui peut te rappeler l’insecte, comme des petites pattes dans les dents», rigole l’insulaire. Il est également possible de se procurer la farine seule à 27,50$ pour une demi-livre.

Les produits de uKa sont organiques, dénués d’ingrédients chimiques, sans gluten, sans noix et sans produits laitiers. Les barres de protéines, efficaces dans la récupération à la suite d’un effort physique, ont presque les mêmes propriétés qu’un gobelet de lait au chocolat. Il ne suffit que 21g de grillons pour obtenir une portion de protéines, en comparaison avec 75g de viande.

«Nos insectes proviennent de la ferme Entomo, en Ontario. Il s’agit d’un fournisseur stable et traçable. Je suis allée voir ses installations et elles respectent mes principes. Les grillons y sont heureux, ils sont dans un grand espace avec plein de structures qui ont les propriétés des plantes,» précise Mme Tremblay.

Depuis sa création, le succès de l’entreprise ne démord pas. Les barres de protéines sont disponibles dans plus d’une trentaine de points de vente au Québec et en Ontario, dont les boutiques Courir et La Cordée, les Fermes Lufa ainsi que quelques IGA. Les produits gagnent également en popularité auprès des sportifs, que uKa cherche à rejoindre lors d’événements ou de compétitions.

Alimentation durable
Les experts s’entendent sur le fait que produire davantage d’insectes comestibles aurait un impact positif sur l’environnement.

«L’élevage d’insectes nous permet de diminuer considérablement la surface de terre nécessaire pour élever le bétail, qui nous oblige à faire beaucoup de déforestation et à utiliser une grande quantité d’eau, explique Marjolaine Giroux, entomologiste à l’Insectarium de Montréal. On peut ainsi réduire l’émission de gaz à effet de serre et augmenter la biodiversité.»

Les porcs et les bœufs produisent 10 à 100 fois plus de gaz à effet de serre par kilogramme d’insectes. De plus, pour 100g d’insectes, il faut six fois moins de nourriture pour obtenir la même quantité de bœuf, quatre fois moins pour le mouton et deux fois moins pour le porc et le poulet.

Pourtant, plusieurs efforts restent à faire avant que les insectes se retrouvent dans toutes les assiettes au Québec.

«Au Canada, nous avons une abondance de protéines, et les insectes ne font pas partie de nos coutumes alimentaires, alors que d’autres cultures en consomment depuis des milliers d’années. À cause de la saison froide, ils sont beaucoup moins nombreux ici, alors qu’ils deviennent une véritable peste en Afrique et au Mexique, par exemple», souligne Mme Giroux.

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation veille à ce que les insectes soient préparés selon les normes d’hygiène et de salubrité en vigueur pour les autres aliments, mais aucune réglementation spécifique n’existe pour l’élevage d’insectes.

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