Un Noël sans frontières
Nul ne soupçonnerait qu’à l’intérieur d’une modeste église de la rue Saint-Antoine, une cérémonie digne des grands centres évangélistes du sud des États-Unis se déroule chaque semaine. Chorale, groupe musical, liturgie et grands sermons, tout y est. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’endroit n’est pas rempli de croyants d’une seule provenance et, à l’approche des Fêtes, c’est tout un métissage d’ethnies qui s’y rassemblent.
« Nous avons exactement cinquante drapeaux érigés sur le toit de l’église et ceux-ci représentent toutes les différentes origines de nos membres », explique l’évêque David Burton, qui dirige le Resurrection Center de Lachine.
Tous les chrétiens s’y trouvent réunis, pêle-mêle, telle une mosaïque humaine, et entonnent le même hymne.
« Il y a même des traducteurs sur place pour les gens qui ne seraient pas très à l’aise en anglais », précise l’épouse de l’évêque, Glynis Jenkins-Burton.
Solidarité
Au-delà de la cérémonie, le traditionnel souper de leur œuvre «Extended Hands» est plus important aux yeux du couple. Avec de nombreux bénévoles, ils servent près de 150 repas aux plus démunis de la communauté et offrent des cadeaux à chaque enfant.
« Pour certains, c’est leur seul souper de Noël. Ils ont droit à un de la dinde et ses à-côtés ainsi qu’une bûche, parce que nous avons trop d’origines différentes pour offrir des plats typiques », souligne Mme Jenkins-Burton.
Le repas, offert grâce aux dons des membres de la communauté, n’est qu’un des multiples programmes que le Resurrection Center a mis sur pied pour venir en aide à la clientèle défavorisée.
Une fois par semaine, ils ramassent des denrées chez Moisson Montréal qu’ils redistribuent aux familles dans le besoin. Dès le 26 janvier, ils donneront aussi des ateliers « Dressed for success » où les bénéficiaires de l’assurance emploi ou de l’aide sociale pourront se procurer des vêtements à très bas prix ainsi que se préparer avant une entrevue pour un emploi.
« Nous voulons leur redonner le courage de sortir du système et de retrouver leur indépendance financière. Ça ne suffit pas de les nourrir, il faut leur donner les outils pour se développer », concède-t-elle.
Intérêt grandissant
Depuis une quarantaine d’années, le Resurrection Center présente des services chrétiens évangélistes dans le Grand Sud-Ouest. Il y a 10 ans, l’église qu’ils occupaient à Notre-Dame-de-Grâce étant devenue trop petite, ils sont venus s’installer à Lachine.
« Depuis que nous sommes ici, nous avons plus que doublé nos membres réguliers et l’an dernier, plus de 600 croyants ont assisté au service de Noël », ajoute M. Burton.
L’évêque explique cet intérêt grandissant par leur approche et leurs valeurs. « La vie est déjà assez stressante, les gens ne veulent plus aller à l’église pour se faire faire la morale. Nous tentons de les libérer des frustrations qu’ils vivent toute la semaine et leur donner l’espoir et l’énergie nécessaires pour affronter leur quotidien », conclut-il.