Fêter son 104e anniversaire en confinement
Gemma Latulippe se souviendra de son 104e anniversaire, souligné d’une façon bien particulière dans le stationnement commun des résidences Belvédère, Savignon et des Brises de Lachine. La centenaire en est à sa deuxième pandémie.
Deux guerres mondiales, la Grande Dépression, la Révolution tranquille, Mme Latulippe a vécu plusieurs événements historiques au cours de son existence. La grippe espagnole, pandémie perdurant entre 1918 et 1920, est toutefois ce qui aura le plus marqué sa vie, puisqu’elle y a perdu sa mère et sa sœur.
Plus d’un siècle plus tard, elle vit sa deuxième crise sanitaire avec la propagation de la COVID-19. «Je suis chanceuse d’avoir été épargnée de la grippe espagnole et très chanceuse d’être épargnée de celle-ci, estime-t-elle. Aujourd’hui, je ne crains pas de perdre un membre de ma famille et je me sens en sécurité.»
Après le décès de son père d’un cancer, Mme Latulippe s’est retrouvée orpheline à l’âge de quatre ans. Elle a donc été élevée chez les Sœurs Ursulines, à Québec. Plus jeune, elle jouait du piano. «C’est une femme remplie de talent, s’émerveille sa fille Hélène, qui lui a organisé la petite fête. Encore aujourd’hui, elle est très curieuse, elle adore lire.»
Mme Latulippe est déménagée à Lachine dans les années 1980, où elle a été secrétaire, notamment à l’Hôpital de Lachine.
Concert surprise
La fête du 13 avril a débuté lorsqu’un membre de la famille, Luc Caron, a interprété Joyeux anniversaire au saxophone, accompagné d’un chanteur et des résidents des trois établissements, qui admiraient la scène de leur balcon, distanciation oblige.
S’en sont suivi plusieurs classiques des années 1960 à 1980. Les passants s’arrêtaient pour danser, chanter ou immortaliser le moment avec leur téléphone intelligent.
«Ce fut une très belle surprise organisée par mes amis», commente Gemma Latulippe qui, en raison de ses problèmes d’ouïe, a préféré répondre à nos questions par écrit quelques jours plus tard.
Certains de ses enfants, de ses petits-enfants et de ses arrière-petits-enfants étaient de la partie
Le soir, elle a eu droit à un bouquet de fleurs, un gâteau et un verre de champagne, qu’elle a pu déguster dans la salle à manger de la résidence Belvédère, où aucun cas de coronavirus n’a été rapporté jusqu’à maintenant.
«Elle était radieuse quand je suis allée la saluer», souligne la responsable des programmes d’enrichissement de la vie de l’établissement, Cynthia Lapointe.Mme Latulippe n’a qu’un souhait pour sa prochaine année: «vivre heureuse.»
Occuper les aînés
Un chanteur performe trois fois par semaine à la résidence Belvédère de Lachine, où les résidents sont invités à l’écouter de leur balcon. «L’autre jour, il faisait assez froid, mais ça n’a empêché personne de sortir s’amuser avec mitaines, gants et manteaux, raconte la directrice de l’établissement, France Therrien. Ça fait vraiment sourire tout le monde.»
Des séances d’activité physique y sont également organisées où un entraîneur propose des exercices que les participants peuvent compléter sur leur balcon.
On songe à implanter une initiative semblable à la résidence Jean-Placide-Desrosiers, située sur l’avenue Ouellette, où les résidents doivent manger dans leur chambre. Les semaines passent et le moral des résidents s’amenuise.
«On a hâte que ça passe, parce que garder des personnes âgées confinées peut avoir un gros impact sur leur santé mentale», concède le directeur Soumaila Kafando.
Puisque son équipe de loisirs se voit restreinte dans l’organisation d’activités de groupe, on distribue des jeux de mots ou des coloriages aux résidents.
Heureusement, l’établissement possède une grande cour arrière clôturée où ils peuvent circuler. «On appelle tout le monde chaque jour pour s’assurer que tout va bien et de comprendre comment on peut les aider», explique M. Kafando.
La résidence songe présentement à des solutions pour permettre à ses membres de faire de l’activité physique plus facilement.