Sylvain Ryan, un photographe dans la Cité: marginal, noctambule, généreux et à l'écoute
Dans les années 1990-2000, les bureaux du Messager Verdun étaient sur la rue de Verdun près de la rue Régina. Par l’immense vitrine de l’ancien magasin qui servait de salle de rédaction et de bureau des ventes au Messager, un beau matin j’ai vu un jeune homme qui descendait de son vélo, et qui s’est présenté au comptoir du Messager pour offrir des photos d’un incendie, je crois.
À l’époque, la ville de Verdun avait mérité, à tort ou à raison, le titre de «ville des feux» dans la région de Montréal. Les pompiers verdunois ne chômaient pas et le photographe attitré du Messager, Jean-Pierre Brisebois, propriétaire du Studio Larose, n’avait ni le temps, ni le goût de couvrir de tels événements à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Le jeune Sylvain Ryan s’est offert et la collaboration a débuté et s’est poursuivie pendant près de deux décennies.
Beau temps mauvais temps, le photographe se rendait en vélo sur les lieux d’un incendie ou d’un accident en toute saison. Sa réputation a vite fait le tour des médias locaux et nationaux si bien qu’au journal La Presse, on appelle amicalement le jeune Verdunois «le soldat Ryan».
Changements technologiques
Nul n’est à l’abri des changements technologiques qui ont marqué le monde des médias depuis un quart de siècle. Sylvain Ryan est passé au numérique après avoir travaillé avec du film conventionnel en noir et blanc, puis en couleur.
Sylvain faisait développer à la hâte ses rouleaux de pellicule chez un Chinois de la rue Wellington, qui sortait du labo pour répondre au client. Ça sentait le vinaigre à plein nez dans cette boutique, mais qu’importe pour Sylvain, on lui promettait des épreuves en une heure et c’est avec le sourire que le vieux chimiste au dos courbé remettait les photos à son meilleur client.
Beau temps, mauvais temps
Le jeune photographe verdunois sautait sur son vélo pour livrer ses photos au Messager. Beau temps, mauvais temps, Sylvain Ryan se déplaçait pour immortaliser les scènes les plus dramatiques d’incendies, sans compter les accidents de la route.
À l’occasion, le photographe dérangeait les services en place en agissant tout naturellement comme témoin d’événements malheureux que le Service de police et le Service des incendies auraient préféré ne pas commenter. Qu’importe, Sylvain Ryan a noué de solides amitiés chez les pompiers qui font appel à son habileté à saisir l’image qui fera la une.
Bravo Sylvain pour toutes ces années de présence sur le terrain.