Le plaisir d’enseigner
Les broches à tricoter et le moulin à coudre de Claudette Dionne s’activent depuis plus de 40 ans au Centre du Vieux-Moulin. Encore aujourd’hui, la dame de 78 ans y donne huit cours par semaine.
Sa fille lui a déjà fait remarquer qu’elle travaillait beaucoup pour son âge. «Mon médecin m’a autorisé à continuer si j’avais du plaisir et si je me sentais suffisamment en forme pour le faire», assure Mme Dionne, avec un brin de satisfaction dans la voix.
Elle aurait été tentée de s’arrêter si son mari lui avait demandé de passer plus de temps avec lui. Mais il ne l’a jamais fait. Pour s’assurer de voir sa femme, Raymond Dionne participe à certaines activités du centre et offre son temps comme bénévole.
Dévouement
Mme Dionne a commencé sa carrière au centre dès sa fondation par Marthe Henry en 1977. «Avec le temps, nous sommes devenues de grandes amies. Mme Henry avait toujours de bonnes idées, comme celle de fonder un lieu pour que les personnes âgées se rencontrent, afin de contrer leur isolement», raconte la professeure encore passionnée par son métier.
Même une fois à la maison, Claudette Dionne ne s’arrête pas. Elle fait la traduction de patrons, qui sont souvent disponibles uniquement en anglais, ainsi que quelques réparations pour permettre à ses élèves de terminer leurs œuvres.
«Mme Dionne a visiblement beaucoup de plaisir à partager ses connaissances et son talent, assure la directrice générale, Hélène Lapierre. En plus d’être une employée fantastique, elle est très avenante avec ses élèves».
Comme une mère qui parle de ses enfants, elle dit souvent qu’elle n’a pas d’élèves préférés. «Je les aime tous également», insiste-t-elle. Lors de ses journées de congé du vendredi, elle se rend parfois dîner et discuter avec plusieurs d’entre eux. Avides de connaissances, certains assistent à ses cours depuis une trentaine d’années.
Après tout ce temps, elle a surtout l’impression d’aider les personnes à sortir de chez elle et à faire de nouvelles rencontres.
Bien que l’enseignante de 78 ans ait dû s’adapter à de nombreux changements, elle ne souhaite pas prendre sa retraite de sitôt.
Si son mari lui avait demandé de diminuer ses heures de travail pour passer plus de temps avec elle, elle y aurait songé, mais il ne l’a jamais fait. D’ailleurs, il participe aussi à certaines activités du centre et y offre parfois son aide comme bénévole.