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Itinérance: une porte toujours ouverte, malgré la pandémie

itinérance: La Porte ouverte travaille fort pour faire face à la crise sanitaire.
Mélodie Racine, directrice générale de La Porte ouverte. Photo: Elena Broch/Métro

Seule ressource de ce type sur Le Plateau-Mont-Royal, La Porte ouverte a su braver la pandémie et assurer ses services auprès de ses usagers en itinérance.

À peine installée dans son poste de directrice générale, Mélodie Racine a été confrontée à une crise sanitaire sans précédent. Qu’à cela ne tienne, elle et son équipe ont su braver la tempête, un jour à la fois.

«On n’a pas fermé un seul jour, souligne Mme Racine, en poste depuis huit mois. Ça a été une grosse pression sur nous.»

Installée au sous-sol de l’église Notre-Dame-de-la-Salette, sur l’avenue du Parc, le décor de la Porte ouverte a toutefois bien changé, pandémie oblige. Protection de plexiglas, masques, marquage au sol, affichages de consignes sanitaires sont désormais installés.

L’organisme continue tout de même à proposer, comme depuis 30 ans, un peu de répit aux personnes en itinérance ou ayant un risque de le devenir. Ces derniers y trouvent un service de repas, une salle de repos, un endroit où faire la lessive.

Ils y trouvent aussi quelqu’un pour les écouter et leur offrir des conseils. Le tout sans distinction de genre, d’état de santé mentale, d’origine et que ces derniers aient ou non des animaux.

Des services essentiels en période de crise.

«Tous les jours, avant l’ouverture à 7h30, j’avais une rencontre d’équipe et je leur demandais s’ils voulaient continuer», souligne Mme Racine. Et tout le monde est resté dans le bateau, sans être infecté par le virus.

Mais tout n’a pas été simple, notamment en début de crise. La directrice générale déplore le manque d’informations concrètes dont elle disposait chaque jour de la part des autorités.

«Les conférences téléphoniques quotidiennes [des autorités], d’une fois à l’autre c’était pas la même chose», regrette-t-elle. Difficile alors de donner des informations concrètes à ses usagers qui ne disposent pas forcément d’internet pour s’informer.

«Ce sont des décisions qui ont été prises par des [bureaucrates] derrière leurs écrans, qui ne vivent pas cette réalité de l’itinérance», lance Mélodie Racine. Elle souhaiterait que les demandes viennent du terrain plutôt que des décisions déconnectées, selon elle, soient prises.

Comme sa demande d’obtenir de quoi dépister rapidement les potentiels cas positifs chez les itinérants qui lui a été refusée.

Cela aurait pourtant été nécessaire selon elle. En plus d’être vulnérables au virus, les itinérants ne sont pas coutumiers des visites chez le médecin. «C’est difficile de s’imaginer qu’une personne en situation d’itinérance va aller se faire tester pour la COVID quand il a une toux, s’il n’y va pas quand il a un bras cassé», illustre la directrice générale.

Déconfinés, et après?

Le déconfinement étant désormais enclenché, il est obligatoire de porter un masque dans les lieux clos. «Même si nous avons eu beaucoup de dons de masques, c’est pas tout le monde qui est d’accord de la porter», constate Mélodie Racine.

Il en va de même pour la distanciation physique. «C’est un beau concept, mais on travaille avec un groupe de personnes qui sortent et qui partagent une bière par exemple», ajoute-t-elle.

Parmi les usagers de la ressource, la moitié est issue de la communauté autochtone. «Ce sont des communautés qui sont rapprochées, qui sont dans le partage, l’idée de ne plus partager, de faire un deux mètres de distance, ça va à l’encontre de bien des choses, de leurs racines, et c’est pénible à mettre en place pour eux, car ils aiment la proximité physique», indique Mme Racine.

Le déconfinement étant désormais en place, Mélodie Racine est inquiète : «Les ressources d’urgence ferment, ça va nous rajouter de la pression alors qu’on était à peine en place.» Sans compter l’arrivée de l’automne et de l’hiver.

Le beau temps aidant à la distanciation, «on propose des sacs à lunch» à consommer dehors illustre-t-elle. Mais une fois les températures basses arrivées, «nos lieux seront plus achalandés», et cela pourrait poser problème.

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