Sols argileux, quessé ça?
« Les sols argileux sont un vestige de l’histoire géologique. Il s’agit de dépôts marins qui ont suivi l’ère de glaciation, à l’endroit où se trouvait la mer Champlain. On en retrouve une grande couche, de plusieurs mètres de profondeur, principalement dans la région des basses terres de Saint-Laurent. Il y en a partout à Montréal, mais aussi à Vaudreuil, Rigaud, Chambly et Saint-Hyacinthe, où il y a des terres planes », expose le professeur.
Sur une carte retraçant la géologie montréalaise, on remarque que l’argile marine est présente de manière plus importante dans les secteurs du Plateau-Mont-Royal, de Rosemont – La Petite-Patrie, de Mercier – Hochelaga-Maisonneuve; de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles; Côte-des-Neiges – Notre-Dame-de-Grâce et Montréal-Est.
Une des particularités de ce type de sol est sa grande capacité à retenir de l’eau, ce qui lui confère une bonne stabilité. Toutefois, une fois desséché, il se contracte, ce qui engendre une forte pression sur les fondations.
« Il faut qu’il y ait beaucoup d’eau dans le sol. Dans le cas de l’argile, on parle d’environ 60 ou 65 %. Durant les mois chauds d’été, l’humidité peut descendre à moins de 10 %. La dernière saison estivale a été d’autant plus problématique parce qu’elle s’est prolongée. Il n’y avait presque plus de nappe d’eau. On pouvait creuser jusqu’à trois mètres sans qu’il y en ait. Il s’agit d’une situation exceptionnelle », fait valoir M. Jaouich.
Un problème connu et des pistes de solutions
« Ce n’est pas la première fois que ça arrive (sécheresse des sols) sur le Plateau. Ça fait une vingtaine d’années que cette situation est connue. Il y a des solutions pour réduire ce phénomène. Il faut que la terre reste humide, qu’on évite de planter certains arbres à croissance rapide près des maisons, notamment l’érable argenté et le peuplier deltoïde. On a tendance à les mettre à proximité des fondations en oubliant qu’ils vont grandir.
« On a redéveloppé Montréal en construisant sur des remblais, parce que ça coûte moins cher. Ça coûte moins cher de les enterrer et de les recouvrir avec un sol végétal que de retirer les anciennes structures. Ça empêche le ruissellement et l’absorption d’une partie importante d’eau. C’est nous qui avons dénaturé la nature », rappelle M. Jaouich.
Le spécialiste insiste sur l’importance de l’humidité du sol dans la conservation de sa capacité portante. À savoir si des mesures de verdissement implantées un peu partout dans le Plateau-Mont-Royal, comme la création de ruelles vertes, de saillies de trottoir fleuries ou de déminéralisation des sentiers dans les parcs, peuvent avoir un impact réel sur l’absorption de l’eau par le sol et le sous-sol, M. Jaouich demeure prudent.
« C’est sûr que ça peut aider, mais ça n’aura pas d’effet sur la conservation de l’humidité en profondeur. Ça va plutôt atténuer les contrastes en période de sécheresse, en réduisant l’effet de conditions extrêmes », conclut-il.
L’École polytechnique s’est déjà penchée sur le cas de l’hydratation en profondeur des sols argileux. Aucune mesure en ce sens n’est envisagée à court ou moyen terme par la Ville de Montréal, a laissé savoir Patricia Lowe, des relations médias.