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Les commerçants de la rue Ontario ne veulent pas jouer à la police

Une photo de la rue Ontario.
Photo: Naomie Gelper/Métro Média

Quoique nébuleuse aux yeux de certains, la nouvelle règle d’un client par 20 mètres carrés est plutôt bien reçue par les commerçants de la rue Ontario. Ce qui choque toutefois, c’est la contrainte de devoir jouer à la police, surtout à l’extérieur de leur commerce, sous peine de recevoir une amende de plusieurs milliers de dollars.

La vice-première ministre Geneviève Guilbault a fait l’annonce mercredi d’un resserrement des règles pour les commerces à l’approche des Fêtes, des mesures en vigueur à partir du 4 décembre. Pour déterminer la capacité limite d’accueil, un commerçant doit diviser par 20 la superficie du magasin en mètres carrés. Il est également exigé que cette capacité soit clairement affichée.

La mesure qui déplaît le plus, c’est celle qui oblige les commerçants à veiller à faire respecter la distanciation de deux mètres entre les clients, autant dans le magasin que dans les files d’attente.

«On n’est pas la police, ce n’est pas notre job» – Christian Viel, copropriétaire de la Librairie Z

Le propriétaire du Bric à Brac, Serge Hudon, partage le même avis. Il considère que les gens doivent être responsables de leurs comportements.

«Qu’est-ce qui est rendu dehors, c’est à la police d’aller voir et de donner des tickets, dit-il. Ce n’est pas à nous autres de surveiller l’extérieur.»

La propriétaire de la fruiterie Papaye et Mangue, Paula Deyoung, s’oppose également à cette nouvelle règle.

«On doit gérer déjà le dedans du magasin», dit-elle.

Elle explique qu’il y a beaucoup de vols dans sa fruiterie, même avec seulement cinq clients à la fois. Elle ne peut pas en plus surveiller les gens à l’extérieur.

Des coûts supplémentaires

Les commerçants expliquent que ces mesures impliquent des coûts supplémentaires pour leur entreprise au moment où les revenus sont à la baisse. M. Hudon, qui a déjà un employé assigné à la porte, pense que le gouvernement devrait les dédommager, si on les oblige à engager du personnel pour surveiller les gens à l’extérieur.

Christian Viel ne comprend pas pourquoi le gouvernement impose les mêmes règles aux petites boutiques et aux grandes surfaces. Les ressources ne sont pas comparables, rappelle-t-il.

«Tout le monde est squeezé. On a eu de la misère à payer nos taxes cette année, souligne-t-il. Puis là, il va falloir mettre du monde dehors parce qu’il va avoir des line-up ?! Un moment donné, c’est comme ridicule. Rendu-là, fermez-nous.»

De son côté, Serge Hudon préfère que les règles soient sévères si cela peut permettre d’éviter une fermeture complète.

«On voit la hausse est là. Le monde veut qu’on fête, ça prend des restrictions quelque part.»

Le copropriétaire de la Librairie Z comprend lui aussi le pourquoi de ce resserrement des règles, mais déplore que le gouvernement fasse cette annonce aussi tardivement.

Lorsque Métro a joint le propriétaire de la Boucherie Beaubien, Daniel Malo, ce dernier n’avait pas encore pris connaissance des nouvelles mesures. Il pense miser sur les précommandes et ouvrir une section à l’arrière pour remettre la marchandise aux clients afin d’éviter trop de cohue dans son commerce.

À première vue, il estime que seulement trois personnes à la fois pourront avoir accès à son magasin. Il craint devoir réduire son personnel s’il doit appliquer une telle mesure.

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