Cannabis: Montréal-Nord se donne l’hiver pour consulter
Alors que le cannabis sera rendu légal demain, la question de son usage et de sa consommation demeure incertaine. Montréal-Nord souhaite mener une réflexion entre les différents partenaires et pourrait mettre en place une réglementation sur la consommation du cannabis dans les lieux publics d’ici la fin de la saison froide.
La Ville de Montréal a déclaré mercredi dernier qu’elle s’alignerait sur la loi provinciale encadrant l’usage du cannabis. Celle-ci prévoit notamment qu’il sera interdit de fumer ou de vapoter du cannabis partout où il est déjà interdit de fumer du tabac. À ces lieux s’ajouteront les terrains des établissements de santé, ceux des établissements collégiaux et universitaires, les pistes cyclables et les aires d’attentes des transports en commun.
Alors que Montréal-Nord faisait partie des cinq arrondissements qui songeaient à une éventuelle interdiction du pot dans les lieux publics, les élus ont finalement décidé de se laisser le temps de la réflexion et de s’aligner sur la loi provinciale pour le moment.
«On va prendre l’hiver pour consulter nos partenaires, nos services de police et les citoyens sur le sujet, explique Christine Black, mairesse de Montréal-Nord. Il y a encore beaucoup de questionnements à l’heure actuelle, c’est pour cela que nous souhaitons une consultation afin d’arriver à la réglementation la plus applicable possible.»
Une réglementation spécifique de l’arrondissement devrait donc voir le jour à l’issue de l’hiver. Les élus estiment en effet que la réglementation municipale actuelle ne permet pas de répondre correctement aux préoccupations des citoyens.
«Ce que nos résidents nous rapportent, c’est qu’il y a beaucoup d’inquiétudes suite à la légalisation du cannabis, affirme la mairesse. Désormais les gens pourront par exemple en consommer dans les parcs proches des enfants, et nous devons répondre à ces préoccupations. Nous attendons aussi de voir ce que fera la CAQ.»
Le parti de François Legault avait en effet promis durant la campagne d’interdire la consommation de cannabis dans les lieux publics s’il était élu. Le cadre légal du pot pourrait donc être amené à complètement changer ces prochaines semaines. Miguel Alston, chef du PDQ 39 au SPVM, assure que ses effectifs sont parés à toute éventualité législative.
«Nos policiers sont en train de recevoir des formations pour bien maîtriser les enjeux et les dispositions entourant la loi, afin de pouvoir les appliquer de façon adéquate, explique le commandant Alston. Quoi qu’il arrive, nous nous adapterons aux nouvelles dispositions légales s’il y en a. Mais pour l’instant, le 17 octobre, rien ne change pour nous à Montréal-Nord.»
La problématique des locataires
Montréal-Nord possède en outre un taux élevé de locataires. Une part supérieure à 70% de ses résidents occuperait un logement en location.
La loi provinciale encadrant l’usage du cannabis autorise les propriétaires à modifier le bail en cours de contrat pour y inclure une clause interdisant la consommation de cannabis dans le logement. Dès que la loi sera en vigueur le 17 octobre, les propriétaires auront trois mois pour modifier unilatéralement le contrat de bail, sans possibilité de contestation de la part des locataires. Cette situation inquiète Maxime Roy, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).
«On s’attend à recevoir beaucoup de réclamations de la part de locataires ces prochains jours, affirme-t-il. Si l’on en venait à interdire le pot dans l’espace public, où les locataires vont-ils pouvoir fumer si on leur interdit également de le faire dans leur propre logement ?»
Abdelhaq Sari, conseiller de la Ville pour le district Marie-Clarac à Montréal-Nord, assure que cette problématique particulière est prise au sérieux par l’arrondissement.
«Ce que nous recherchons, c’est la meilleure cohabitation possible pour tous nos citoyens, nous ne souhaitons exclure personne, soutient l’élu. Nous gardons en tête cet objectif de base pour nos prochaines consultations avec nos partenaires.»
Toutefois, à ce stade, les élus ne sont pas encore en mesure de donner les précisions et la forme que pourrait revêtir la future réglementation de l’arrondissement. À la veille de la légalisation du pot, beaucoup d’interrogations subsistent, alors que les 12 succursales de la Société québécoise du cannabis (SQDC) ouvriront demain matin. Pour les nord-montréalais, la SQDC la plus proche sera située sur le boulevard de l’Acadie, à plus de 7 km de la frontière ouest de l’arrondissement.