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La place des jeunes dans la MCC soulève des discussions lors d’une activité

Chercheurs usagers et employés étaient réunis pour repenser la MCC Photo: Olivier Faucher / Guide de Montréal-Nord

La cohabitation entre jeunes et autres usagers de la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord (MCC) faisait partie des enjeux soulevés par des chercheurs universitaires, lors d’une activité qui s’est déroulée dans l’établissement. Le débat sur les cartes d’identité que seuls les adolescents doivent présenter pour accéder à la bibliothèque a aussi été relancé, bien que l’arrondissement ne compte pas abolir cette mesure.

Bruit, interdictions, discrimination basée sur l’âge, ce sont quelques-uns des enjeux qui étaient abordés par des chercheurs du groupe Design et société de l’Université de Montréal, qui souhaitaient qu’usagers et employés repensent la MCC lors d’une activité de codesign.

Implicitement, toutefois, ce sont les désagréments causés par les jeunes qui étaient au cœur des discussions. Ceux-ci sont nombreux à venir à la MCC à certains moments de la journée

«Les jeunes vivent certains problèmes d’espaces et de lieux de rencontre dans le quartier, observe le directeur du groupe de rechercher Design société, Philippe Gauthier. Donc, c’est normal qu’un certain type de comportement qui ne devrait pas se trouver à la bibliothèque se retrouve à la bibliothèque».

Selon Marie Désilet, chef de division bibliothèques à l’arrondissement, beaucoup de ces jeunes sont des élèves de l’école Henri-Bourassa, voisine de la MCC. «L’école Henri-Bourassa a le tiers des places en cafétéria le midi par rapport au besoin, car elle est sursaturée, remarque-t-elle. Ça crée une pression particulière sur la MCC parce que les jeunes cherchent des endroits [alternatifs à la cafétéria]», ajoute-t-elle.

Cette pression avait poussé la bibliothèque à adopter un code de conduite. Les chercheurs ont largement remis en question les différentes contraintes imposées par ce code lors de l’activité.

Par exemple, des prototypes de projections lumineuses qui réagissent au bruit dans la bibliothèque ont été proposés, pour éviter que le personnel ne contraigne les usagers à baisser le volume de leur voix. Aussi, il a été proposé d’abolir les différentes interdictions dans la MCC pour les remplacer par des zones dédiées à certaines activités.

Le débat des cartes relancé
Remarquant la présence de la politique de présentation d’une carte d’identité visant exclusivement les adolescents, une pratique jugée discriminatoire par certains et qui avait fait l’objet d’un reportage dans le Guide en février dernier, les chercheurs ont voulu susciter des discussions pour trouver une solution de rechange. Initialement, cette mesure avait été instaurée pour «apaiser le climat parfois tendu», selon l’arrondissement.

«Le fait de carter les gens, on l’a vu ailleurs, mais c’est un peu bête, croit le directeur du groupe de recherche Design société, Philippe Gauthier. Tous les guides de bonnes pratiques en bibliothéconomie disent qu’il ne faut absolument pas faire ça et que c’est la dernière chose à faire, poursuit-il. La bibliothèque doit être un lieu accueillant, et carter une partie de la population, c’est forcément la stigmatiser».

Les participants ont lancé l’idée de carter tout le monde. D’autres ont voulu éliminer l’aspect d’identification en remplaçant cette mesure par l’action de laisser un objet personnel à l’entrée de la bibliothèque.

Cette façon de faire ne partira pas toutefois pas de sitôt de la bibliothèque. «À court terme, on ne prévoit pas changer [cette politique], affirme Marie Désilet. Mais j’ai beaucoup aimé l’idée de créer un comité avec les jeunes pour susciter leurs propositions».

M. Gauthier indique que son équipe a été approchée par le Ville de Montréal et l’informant qu’il y avait des enjeux propres à la MCC. Or, ce sont des enjeux qu’il «a vus dans d’autres bibliothèques».

«Bien que cette activité offrira un certain apport afin de permettre à la MCC d’offrir un meilleur service, elle ne constitue pas une consultation et n’engage l’arrondissement à rien», rappelle Marie Désilets.

Victime de son succès
Selon Marie Désilets, la fréquentation de la MCC a presque triplé depuis son ouverture en 2006, ce qui la rend victime de son succès. «On est aux prises avec un beau problème», dit-elle.

Selon la professeure à l’Université de Montréal spécialisée en bibliothéconomie Marie D. Martel, «La bibliothèque est tellement petite qu’elle ne favorise pas une cohabitation harmonieuse. Aujourd’hui, on ne ferait pas une bibliothèque comme ça».

En effet, la professeure explique que la construction de la MCC, en 2006, a eu lieu tout juste avant une certaine révolution dans la façon d’aménager les bibliothèques. «Les premières bibliothèques qui ont adopté le modèle d’un service plus centré sur l’humain que centré sur les collections datent de 2008 à 2010, dit-elle. On a vu par la suite une amplification des espaces sociaux dans les bibliothèques.»

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