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Dix ans après le séisme meurtrier en Haïti: portraits d’une catastrophe

D'en haut à gauche à en bas à droite: Ed Rose Elma, Dr André Arselin, Maxime Toussaint et Donald Alexandre. Photo: Olivier Faucher - Métro Média

Les Montréalais originaires d’Haïti sont marqués à jamais par la destruction d’une partie de leur pays natal et la perte de centaines de milliers de personnes causés par le séisme du 12 janvier 2010. Une décennie plus tard, ils ont pu se relever, mais plusieurs gardent des séquelles du choc qu’ils ont vécu.

Le 12 janvier 2010, à 16h53, Donald Alexandre, qui vit aujourd’hui à Montréal-Nord, est assis à son bureau de la filiale d’une banque américaine à Port-au-Prince alors que la terre commence à trembler, violemment. La secousse est si forte qu’il est projeté plusieurs fois à l’extérieur, puis à l’intérieur de son bureau. «C’était très fort. Grâce à Dieu, j’ai été sauvé. Le mur s’est ouvert et j’ai pu regarder dehors», raconte-t-il.

Dans sa famille, tous n’ont cependant pas eu la même chance. «Ma soeur, qui étudiait en éducation, était à son école qui s’est écroulée. J’avais réussi de la retirer des décombres, mais elle est décédée de ses blessures le lendemain dans mes bras. C’était un jour terrible.»

10 ans plus tard, M. Alexandre trouve encore difficile de regarder une photo de sa soeur. «C’est encore frais», dit-il.
Il dit encore ressentir les séquelles du choc qu’il a subi ce jour-là. «Quand je suis dans un gros immeuble, je me demande si ça va trembler. Quand un train passe près de moi et que ça tremble, ça me rappelle quelques souvenirs.»

Craignant une nouvelle catastrophe, M. Alexandre a fini par envoyer sa femme et ses enfants au Québec, pour les rejoindre quelques années plus tard. Il vit ici depuis plus de trois ans et travaille dans la gestion comptable d’églises et d’organismes de Montréal-Nord.

«On a tous perdu quelqu’un»

La Nord-Montréalaise Ed Rose Elma, qui vivait dans la zone frappée par le séisme en 2010, est marquée à jamais par ce qu’elle a vécu. «J’ai vu des gens sortir des décombres avec du sang partout. Ce sont des images qu’on va garder jusqu’à notre mort», dit la jeune femme qui avait 18 ans lors de la tragédie.

Elle y a perdu un ami d’enfance dont on n’a jamais pu retrouver le corps. «On a creusé pendant des jours, mais on ne l’a pas trouvé, raconte-t-elle en retenant ses larmes. C’était horrible.»

«On a tous perdu quelqu’un ce jour-là. Il y avait tellement de morts au total qu’on a en fait tous perdu des gens», souligne-t-elle en donnant les exemples de voisins et de connaissances.

Plus de 230 000 personnes ont été tuées dans la catastrophe, alors qu’Haïti comptait 10 millions d’habitants.

Se relever pour soigner les autres

En voyage humanitaire de quelques semaines dans son pays natal, le Dr André Arcelin était impuissant, en 2010, lorsqu’il n’avait rien pour aider tous ceux qu’il voyait mourir sous ses yeux.

À son retour à Ahuntsic, à Montréal, il a mis plusieurs semaines avant de pouvoir à nouveau recevoir des patients.
Le plus difficile pour lui a été par la suite de recevoir des dizaines de patients haïtiens en choc post-traumatique.

«Ils venaient ici parce qu’un membre de leur famille était mort, par exemple. C’était difficile de recevoir ces gens-là à cause de mon vécu.»

Impuissant à des milliers de kilomètres

Comme bon nombre de Québécois d’origine haïtienne, Maxime Toussaint a vu ce jour-là des images à glacer le sang. Mort d’inquiétude pour les membres de sa famille, il a passé des jours à tenter d’entrer en contact avec eux.

«Je ne dormais pas, je ne mangeais pas. C’était infernal. Ça a pris trois jours avant que j’apprenne que mon frère et sa famille étaient vivants. Deux jours après ça, j’ai su que ma cousine était morte.»

C’est depuis cette période très anxieuse de sa vie que M. Toussaint fait de la haute pression, trouble médical qui n’a jamais cessé chez lui.

M. Toussaint est toutefois aujourd’hui en paix mentalement avec ce qui s’est passé. «Je suis un gars très fort. Dieu m’a donné un esprit qui est compréhensif de ce qui se passe dans la nature.»

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