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Des «employés désespérés» à la résidence Angelica

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La résidence Angelica, à Montréal-Nord. Photo: Josie Desmarais/Métro

Confinée à la maison après avoir contracté la COVID-19, la présidente du syndicat local au CHSLD Angelica lance un cri du cœur. Se disant «marquée à vie» par ce qu’elle a vu et vécu depuis le début de la crise sanitaire, elle implore le gouvernement d’envoyer de l’aide à ses collègues exténués.

Le 24 avril, Le Guide révélait qu’un manque criant de personnel avait poussé au bout du rouleau les employés de cet établissement privé conventionné situé à Montréal-Nord.

Deux semaines plus tard, la situation ne s’est guère améliorée, selon Judith Germain, 53 ans, infirmière et présidente du syndicat local.

«Ça ne va pas mieux. La résidence a les mains liées. On nous dit qu’il y a de l’aide qui s’en vient, mais il n’y en a pas. Les employés sont vraiment désespérés. Les filles m’appellent en pleurant.» -Judith Germain, présidente du syndicat local de la résidence Angelica.

Il y a deux semaines, Mme Germain a été déclarée positive à la COVID-19. Si elle n’a pas travaillé depuis, elle continue à recevoir des messages de détresse de ses collègues.

«On est impuissants , on court dans tous les sens, lui a écrit une membre du personnel qui a travaillé récemment. C’est vraiment l’état de guerre, mais on est sans armes. Je fais juste lever mes yeux vers le ciel suppliant le Bon Dieu de nous aider, car on est vidé.»

«Mes collègues m’appellent pour me dire qu’ils n’ont même pas eu le temps de brosser les dents de madame ou de finir de faire manger un autre patient», rapporte la présidente du syndicat.

Vendredi, on comptait 42 décès dans l’établissement et 126 résidents positifs. Quelque 17 patients ont pu se rétablir de la maladie.

Besoin de renforts

Le manque de personnel sur le terrain est également déploré par la direction de la résidence, qui a dû multiplier les solutions pour tenter de colmater l’absence des 97 employés qui ont contracté le virus. Vendredi, 91 étaient toujours positifs et devaient rester à la maison.

«On a eu quelques infirmières, quelques préposées du CIUSSS, pas en nombre suffisant, je ne vous le cache pas», soutient la responsable des communications de la résidence Angelica, Mélanie Aussant.

La résidence pourrait-elle bénéficier des forces armées canadiennes? Aucun signe ne pointe en ce sens pour le moment, malgré les 1000 soldats déployés pour prêter main-forte dans les CHSLD du Québec.

«On communique nos besoins en main-d’œuvre CIUSSS et ils nous envoient ce qu’il y a de disponible», explique Mme Aussant

Le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal a précisé par courriel que c’est le ministère de la Santé et des Services sociaux qui s’occupe de «répartir les renforts» de l’armée.

«Marquées à vie»

En constatant l’état psychologique des infirmières qui sont aux premières loges de la catastrophe, Mme Germain anticipe des «chocs post-traumatiques» et appelle à préparer l’après-crise au niveau de la santé mentale du personnel médical.

«Mes collègues et moi allons être marqués à vie, prévoit-elle. Même l’employeur va avoir besoin d’aide psychologique».

Malgré tout, l’infirmière veut retourner le plus rapidement possible sur le terrain pour soutenir ses collègues. «Je me sens impuissante où je suis. Je me dis que deux bras de plus, ça pourrait aider».

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