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Paule Robitaille, une députée au cœur de l’épicentre

Depuis le début de la crise sanitaire, Paule Robitaille passe le maximum de son temps sur le terrain. Photo: Olivier Faucher - Métro Média

En pleine période de crise sanitaire, l’appel du terrain est fort pour la députée Paule Robitaille. Celle qui a été journaliste en zone de guerre refuse de se contenter du télétravail, même dans le secteur le plus touché par la pandémie au Canada.

Il est midi au bureau de la députée de Bourassa-Sauvé. L’équipe de Paule Robitaille vient d’apprendre avec soulagement que le seul centre de dépistage situé à Montréal-Nord restera ouvert. C’est une victoire. D’autres devront suivre pour venir à bout de l’éclosion de COVID-19 dans le nord-est de Montréal.

«La confusion de la clinique, c’est un bel exemple de déconnexion entre ce qui se passe sur le terrain et ce que le gouvernement décide», croit la députée.

À la mi-avril, Mme Robitaille sonne l’alarme. C’est l’une des premières à le faire. Sans intervention immédiate, l’éclosion de COVID-19 risque d’être majeure à Montréal-Nord, prévient-elle.

«À partir du moment où ça a pris plus de temps pour que les actions qu’on revendiquait arrivent sur le terrain, j’ai commencé à perdre patience», raconte-t-elle.

Depuis, elle multiplie les entrevues dans les médias pour demander des interventions ciblées aux autorités sanitaires, notamment en matière de dépistage, et expliquer la réalité de ce quartier particulièrement vulnérable.

L’appel du terrain

Malgré ses efforts, sa circonscription est désormais la plus touchée par la pandémie au Canada. La transmission communautaire est soutenue. Le taux de mortalité, en augmentation.

C’est dans ce contexte de crise que Paule Robitaille poursuit son travail.

«Pour moi, le terrain, c’est essentiel. C’est là que tu prends le pouls et que tu vois vraiment comment ça va», explique-t-elle.

C’est en personne par exemple qu’elle va prendre des nouvelles d’une préposée aux bénéficiaires qui se remet d’un séjour aux soins intensifs après avoir contracté la COVID-19.

En marchant sur le boulevard Rolland, elle interpelle des citoyens, remet ses coordonnées. Ensuite, elle rend visite à un organisme qui vient en aide aux personnes avec des troubles mentaux, pour prendre des nouvelles.

«C’est la moindre des choses d’être avec [les citoyens]. Je ne pourrais pas rester dans ma maison. On écoute le monde. On essaie de voir s’il a de l’inquiétude, ce qu’il veut.»

Mais au temps de la pandémie, les règles changent vite. Sur les réseaux sociaux, elle a été épinglée pour ne pas avoir porté de masque, alors qu’elle était filmée en train d’en distribuer.

«Il faut être assez humble pour dire qu’on a fait une erreur, admet-elle. Cette journée-là, ça allait trop vite et j’ai oublié de porter mon masque avec le journaliste.»

Risque

Du travail de terrain en temps de crise humanitaire, Paule Robitaille en a l’expérience. Alors qu’elle était journaliste, elle a couvert les guerres civiles dans les anciennes républiques soviétiques au début des années 1990. Elle a aussi connu l’Afghanistan, le Chili, Haïti.

Bien sûr, la femme de 58 ans ne souhaite pas être contaminée. Mais comme en zone de guerre, le terrain comporte un risque qu’il faut «bien évaluer».

«On n’a jamais hésité à le prendre pour aller près des gens et les aider, explique son attaché politique Vincent Marchessault, qui agit aussi à titre de photographe de la députée. Il y a des gens dans les services hospitaliers qui risquent leur vie tous les jours.»

Rythme «très accéléré»

Être au cœur de la pandémie demande aussi beaucoup de travail pour son équipe, qui ne compte plus ses heures.

«C’est un rythme qui est très accéléré, témoigne le directeur du bureau de la députée, Dominique Debrosse. Puisque Mme Robitaille est sur le terrain, on a beaucoup de questions de citoyens. Il faut qu’on soit là pour aller chercher l’information exacte au niveau des ministères.»

La gestion d’une crise demande énormément de communication entre les différentes autorités. Mais les conférences téléphoniques accaparent parfois trop de temps. «Des fois le matin, ça comme

nce à 8h et on enchaîne les conférences téléphoniques jusqu’à 16h », soupire la députée.

Ce sont ces journées qui sont les plus difficiles, admet Paule Robitaille. Ces longues heures où elle doit ignorer l’appel du terrain.

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