Un espoir de la NBA victime de profilage au Québec
Alors que le basketball a permis à Luguentz Dort de s’émanciper d’un milieu marqué par les inégalités, la recrue de la NBA n’échappe pas au profilage de la police à son retour au Québec.
La recrue du Thunder d’Oklahoma City vit chez ses parents à Montréal-Nord depuis le mois de mars, alors que la saison de basketball a été suspendue en raison de la COVID-19. Durant cette période de trois mois, M. Dort raconte avoir été intercepté deux fois par la police dans la région de Montréal.
«Je conduisais, on était trois Noirs dans la voiture. Les deux fois, la police nous a interceptés, juste pour nous demander de nous identifier.»
Le jeune de 21 ans explique avoir collaboré pour ne pas s’attirer des ennuis, mais cette attitude cachait un sentiment de frustration chez lui.
«Tu as besoin d’une raison pour m’arrêter. Tu ne peux pas juste m’arrêter pour me demander de m’identifier.»
Au volant d’une nouvelle voiture, il s’est demandé si les policiers l’interpellaient en raison de son certificat d’immatriculation temporaire. Or, selon lui, les agents ne lui ont pas fourni de motif.
Interpellé par Black Lives Matter
Alors que le mouvement Black Lives Matter a été relancé dans la foulée de la mort de George Floyd aux États-Unis, d’autres athlètes noirs dont Patrice Bernier ont brisé le silence en racontant avoir été victimes de profilage racial par la police du Québec.
Ce sentiment de tension entre les Noirs et la police, Luguentz Dort affirme le vivre concrètement dans le quartier où il a grandi.
«Le profilage, ça existe toujours, surtout Montréal-Nord, soutient-il. C’est vraiment dur d’habiter là et la police n’est pas facile avec le monde qui y habite. Tu es dans ta voiture, il y a une voiture de police derrière toi, tu as de la misère à conduire correctement. Tu as peur que le policier t’arrête parce que tu es Noir et que tu as les cheveux longs.»
La vague de manifestations aux États-Unis trouve écho chez le jeune homme, qui a vécu cinq ans au pays de l’oncle Sam, notamment pour y jouer son basketball collégial.
«Encore aujourd’hui, il y a encore de la brutalité avec la police qui arrive, constate-t-il. Tu entends parler de ça un peu partout. Je me sens mal pour les Noirs qui doivent subir ça. C’est dur pour les personnes qui habitent dans ces quartiers-là. Ils voient une police arriver et ils ont peur.»
Lundi, le Nord-Montréalais s’envolera vers Orlando, en Floride, pour prendre part à la reprise des activités de la NBA.