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Inégaux face au coronavirus à Montréal selon une étude

La clinique de dépistage au CLSC de Montréal-Nord. Photo: Josie Desmarais/Métro

La pandémie de coronavirus n’a pas frappé les quartiers de Montréal de manière égale, relève Santé Montréal, dans une étude publiée mardi. Les voisinages comptant les proportions de personnes noires les plus élevées ont notamment été plus touchés par les éclosions.

La Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSMP) brosse un premier portrait des secteurs de Montréal les plus touchés par la COVID-19.

Des secteurs comme Montréal-Nord ou encore Saint-Léonard et Saint-Michel ont été plus durement touchés par la pandémie.

Pour cette analyse «écologique», la DRSMP a croisé des données territoriales avec des données de la COVID-19.

En effet, cette étude met en lumière que le taux de cas de COVID-19 est de 555 pour 100 000 habitants dans les voisinages où la population noire est plus faible (moins de 3,6 %), alors qu’elle atteint 1509 cas pour 100 000 habitants dans les voisinages où elle est plus élevée (14 % et plus).

«On ne peut pas affirmer à 100% que les personnes racisées ont davantage contracté la COVID», souligne Dr Alix Adrien, médecin-conseil à la Direction régionale de santé publique du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Cette analyse permet de montrer quels sont les «secteurs [qui] ont été plus durement touchés» à Montréal, indique M. Adrien.

Selon lui, «la crise sanitaire met en relief des inégalités que nous soupçonnions déjà existant de longue date sur le territoire montréalais : précarité financière, emplois précaires, taux de chômage élevé, être l’objet de racisme».

Tous ces phénomènes ont dû contribuer à la plus forte prévalence de COVID-19 que nous constatons dans les territoires où il y a une densité élevée des populations racisées, en particulier les populations noires.» – Dr Alix Adrien, médecin et coauteur de l’étude

Un portrait plus précis

C’est la première fois qu’une étude de ce type est menée au Québec. En effet, les gouvernements du Québec et du Canada refusent toujours de collecter des données sur l’ethnicité des personnes atteintes de la COVID-19.

Pour brosser un portrait plus précis, il faudrait une collecte de données individuelles, mais elles ne sont pas encore colligées.

Toutefois, cette analyse écologique permet de «confirmer ce que d’autres territoires ont également constaté [comme] Toronto, l’Ontario, d’autres provinces canadiennes, les États-Unis», note le Dr Adrien

Celui qui est également coauteur du feuillet indique que «les gens doivent savoir qu’il y a des secteurs de Montréal où il y a davantage de populations racisées qui ont plus de cas de COVID, non pas pour augmenter la stigmatisation , mais justement pour travailler dans les secteurs en amont».

Des impressions «avérées»

Cette étude prouve que «les impressions qu’on avait sont avérées», dit à l’autre bout du fil Pierreson Vaval, directeur de l’organisme Équipe RDP.

«Même si on ne semblait pas avoir l’information au Québec, quelque chose nous alertait dans ce sens», ajoute-t-il.

Pour lui, il va falloir aller plus loin «pour comprendre comment, dans un contexte de pandémie, des communautés racisées se trouvent à être davantage vulnérables par rapport aux autres, qu’est-ce-qui occasionne ça dans nos systèmes ?».

Dernièrement, M. Vaval a pris part au projet d’une plateforme destinée à collecter des données ethnographiques. 

Un travail sur le terrain

 Contactée par Métro, la mairesse de Montréal-Nord Christine Black indique que toutes les informations disponibles pour comprendre «pourquoi notre population a été autant touchée» sont pertinentes. Mais elle souligne également le «souci de ne pas stigmatiser davantage notre population».

«C’est certain que c’est quelque chose qui va nous permettre de faire des meilleurs choix, de travailler certains dossiers différemment pour pouvoir [avoir] une meilleure intervention sur notre population», note-t-elle.

Selon le Dr Adrien, «l’utilité de la collecte de ces données, c’est de mieux se préparer pour une deuxième vague».

Et «on peut déjà agir maintenant», ajoute-t-il.

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