Le «réflexe Montréal-Nord» de la ministre Rouleau se fait toujours attendre
Dans la foulée d’une autre fusillade survenue en plein jour en bordure du quartier nord-est, Montréal-Nord est en grand besoin de financement afin de venir en aide à sa population. L’injection de 400 000$ annoncée en mars par la Ville de Montréal «ne suffira pas» à endiguer la vague de violence, plaident des acteurs locaux.
Presque 6 mois après s’être engagée à développer un «réflexe Montréal-Nord», la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Chantal Rouleau, tarde toujours à porter une aide significative à l’arrondissement.
«Québec a donné des petites sommes ici et là pour la jeunesse, mais jusqu’à maintenant, rien de spécifique pour enrayer les violences qu’on a vu cette dernière année. C’est décourageant», affirme la députée libérale Paule Robitaille.
Mme Robitaille s’est impliquée auprès du comité des Mamans contre la violence, qui milite pour des actions transformatives dans le quartier, en portant une pétition exigeant l’amélioration des conditions sociales et économiques à Montréal-Nord à l’Assemblée nationale. Le 13 avril dernier, la commission parlementaire des relations avec les citoyens a refusé d’entendre cette dernière.
En novembre dernier, Mme Rouleau avait reconnu l’«urgence d’agir» et disait vouloir permettre aux projets qui touchent Montréal-Nord de contourner les programmes d’aide gouvernementaux habituels afin d’aider les citoyens plus rapidement. À l’heure actuelle cependant, le manque de ressources inquiète les organismes communautaires.
«Il faut un gros minimum de six travailleurs de rue pour une intervention de proximité avec les jeunes du quartier. On en a que deux et demie depuis 15 ans. Je salue leur travail, mais il y a un gros retard à combler», souligne Slim Hammami du Café-Jeunesse Multiculturel.
La ministre Chantal Rouleau n’a pas donné suite aux demandes d’entrevue de Métro.
Financement
Au mois de mars, la Ville de Montréal a attribué 400 000$ à l’arrondissement en «aide d’urgence» dans les organismes communautaires pour freiner la flambée de violence sur son territoire.
Au moment d’écrire ces lignes, 320 000$ sont déjà engagés, dont 20 000$ pour financer la campagne de sensibilisation contre la violence conjugale d’Halte-Femmes Montréal-Nord. Deux subventions de 150 000$ seront également investies dans trois projets financés par le Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal (BINAM), et dans des projets du plan d’action de revitalisation urbaine intégrée (RUI) de la Ville de Montréal.
«Nous travaillons avec le SPVM – que l’on considère comme une importante partie prenante et une variable importante dans la solution – mais également avec le Gouvernement du Québec et la Ville de Montréal pour endiguer ce problème aux sources multiples», confirme Abdelhaq Sari, conseiller d’arrondissement et vice-président de la Commission de la sécurité publique.
De la somme initiale, seulement 80 000$ seront attribués au cours de l’année via le Programme de prévention de la violence commise et subie chez les jeunes (PPVJ). Un travailleur de rue coûte environ 50 000$ par année, selon Slim Hammami.
«En ce moment, on n’est pas en mesure de faire le relais avec toute la population. Il faut couvrir toutes les portions du territoire», affirme-t-il.
La fusillade de dimanche s’ajoute à la triste série d’évènements sanglants qui a durement éprouvé la communauté nord-montréalaise ces derniers mois. Des fusillades ont éclaté les 28 août, 28 novembre, 30 janvier et 25 avril.