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L’ancien village du Sault-au-Récollet

D’abord le Bas-du-Sault puis Montréal-Nord furent témoin de nombreux événements qui marquèrent l’histoire de l’île de Montréal et on y retrouve des monuments historiques importants.

En 1615, le Père Denis Jamet, assisté du père Joseph Le Caron, en compagnie de Samuel de Champlain, s’arrête aux rapides de la rivière des Prairies et emprunte le chemin de portage des Amérindiens. Il y célèbre la première messe le 24 juin, sur l’île de Montréal, en bordure de la rivière des Prairies.

En 1625, le récollet Nicolas Viel, un missionnaire français, et son compagnon Ahuntsic, un jeune Français vivant à l’Amérindienne, se noient dans les rapides. Ce lieu est désormais nommé Sault-au-Récollet. Jusqu’en 1642, la rivière des Prairies fut la porte d’entrée des missionnaires et des explorateurs qui commencent à explorer l’île de Montréal après Champlain.

En 1696, le sulpicien Vachon de Belmont construit le fort Lorette à l’emplacement actuel de l’ensemble paroissial et établit une mission amérindienne. Cette mission est déplacée à Oka en 1721 et on assiste au début de la colonisation de la côte de Nouvelle-Lorette.

En 1726, les sulpiciens construisent une digue entre la rive et l’île de la Visitation. Dès 1728, on y compte trois moulins alimentés par la force des rapides. L’énergie hydraulique permet de moudre le grain en farine et d’actionner des scies qui préparent les planches nécessaires à la construction.

En 1736, le peuplement des campagnes environnantes suscite la création de la paroisse de la Visitation-du-Sault-au-Récollet. La chapelle du fort Lorette sert de lieu de culte jusqu’à l’édification d’une nouvelle église. L’église de la Visitation-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie du Saut-au-Récollet est la plus ancienne église et la seule de style traditionnel québécois qui subsiste sur l’île de Montréal. Construite entre 1749 et 1752 sous l’instigation du curé Guillaume Chambon, plusieurs restaurations et ajouts y furent toutefois apportés un siècle plus tard. La consécration solennelle est célébrée par Mgr de Pontbriand, évêque de Québec, en 1752.

C’est Philippe Liébert qui effectue la première décoration intérieure à partir de 1764, réalisant entre autres un retable, dont les portes en noyer sculptées de style Louis XV qui se trouvent encore aujourd’hui de chaque côté de l’hôtel sont sans doute les seuls vestiges de ces travaux. C’est également lui qui, en 1791, construit la chaire et le tabernacle, la première ayant aujourd’hui disparu, mais le second surmontant désormais son propre tombeau. Par la suite, ce seront les élèves de Paul-Amable Quévillon qui prendront la relève. À partir de 1816, c’est le sculpteur David Fleury-David qui prend la décoration en charge, et on lui doit la corniche, les pilastres Louis XVI et la voûte. Afin de mettre en évidence le statut privilégié du choeur, la richesse décorative est signée Fleury-David. L’artiste Vincent Chartrand réalise pour sa part la chaire actuelle, elle fut conçue par l’architecte John Ostell et modifiée en 1850. Finalement, de beaux tableaux attribués à Mignard et acquis en 1756 par le curé Chambon ornent l’église.

En 1895, la Montreal Park & Island met en service un tramway électrique. Le tramway Millen emprunte la rue Saint-Denis, puis l’avenue Millen (anciennement avenue Stanley-Bagg), traverse les champs, se rend à Ahuntsic et poursuit sa route vers l’est, jusqu’au village du Sault-au-Récollet en empruntant le tracé de l’actuel boulevard Henri-Bourassa. Le tramway facilite les déplacements au nord de l’île ainsi que le développement urbain. De grandes résidences d’été et des maisons recouvertes de brique d’argile, à caractère urbain, sont construites le long du boulevard Gouin Est entre les maisons de ferme.

Dès 1907, les terres agricoles entre les rues Papineau et des Prairies sont divisées en parcelles et de nouvelles rues sont tracées. En 1910, le chemin du Bord-de-l’Eau est nommé boulevard Gouin en l’honneur de Lomer Gouin (1861-1929), premier ministre puis lieutenant-gouverneur du Québec. Érigé en municipalité de village en 1910, le Sault-au-Récollet acquiert le statut de ville en 1914 et est annexé à Montréal en 1916.

En 1928, la construction de la centrale électrique de Rivière-des-Prairies modifie l’environnement des moulins. Le barrage élimine les rapides et inonde les îlots Hibou et Sergent. Les buttes de l’île de la Visitation sont aussi aplanies.

À la fin des années 1950, la circulation automobile prend de l’ampleur et en 1959, on perce le boulevard Henri-Bourassa. L’urbanisation rejoint la rivière des Prairies. Les terres agricoles sont subdivisées afin de permettre la construction de résidences. Les moulins cessent leurs activités en 1960. L’implantation du pont Papineau-Leblanc, à la fin des années 1960, sépare l’église paroissiale de son noyau villageois. Vers la fin des années 1970, les qualités patrimoniales et naturelles de ce lieu sont de plus en plus reconnues. Le parc de l’île de la visitation est inauguré en 1983, l’ancien village du Sault- au-Récollet est protégé et mis en valeur par la constitution d’un site du patrimoine en 1992 et le nouvel aménagement mettant en valeur le site des moulins est inauguré en 1998.

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