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La directrice des Fourchettes de l’espoir optimiste pour Montréal-Nord

Photo: Romain Schue / TC Media

Malgré les débordements qui ont touché Montréal-Nord le 6 avril et les craintes de nombreux organismes, la directrice de Fourchettes de l’espoir se veut rassurante. Très présente déjà médiatiquement lors des émeutes de 2008, Brunilda Reyes estime que «l’arrondissement n’a pas fait de pas en arrière.»

Depuis le 31 mars et l’intervention policière qui a coûté la vie à un homme de 46 ans d’origine haïtienne, plusieurs collectifs ont avoué les uns après les autres la peur de voir «une situation qui dégénère», comme l’indiquait Williamson Lamarre, directeur du Café jeunesse multiculturel.

Mais alors que Frantz Jean-Jacques, patron de Évolu-Jeunes 19-30, affirmait après les incidents du 6 avril que l’«on est assis sur un baril de poudre» et que Will Prosper, porte-parole de Montréal-Nord Republik, évoquait au même moment une «colère qui ronge l’arrondissement», Brunilda Reyes ne partage pas ces opinions.

«Je n’ai pas peur. Cette situation est bien différente de celle connue en 2008», avoue la fondatrice des Fourchettes de l’espoir, un organisme qui propose notamment des repas à prix modiques, qui partage néanmoins la «frustration» d’une communauté touchée par le décès de Bony Jean-Pierre.

«Il y a de nombreuses questions sur cette intervention, reprend Mme Reyes. Les policiers sont là pour assurer la sécurité de tous les citoyens, peu importe leur situation et leurs antécédents. Après un tel événement, les gens sont très fragiles et inquiets. Certains se sentent abandonnés et n’ont pas toujours l’énergie pour faire la part des choses. Mais je le comprends. On parle encore de Montréal-Nord d’une manière négative et c’est tout l’arrondissement qui est pénalisé.»

«Dire que rien n’a changé, c’est faux»
Originaire du Chili, puis réfugiée politique en France avant d’arriver au Québec en 1995, l’ex-porte-parole du mouvement Solidarité Montréal-Nord met en avant le travail accompli depuis les émeutes de l’été 2008.

«Les initiatives portent leur fruit. La relation entre les jeunes et les policiers s’est améliorée. Dire que rien n’a changé, c’est faux! Le quartier a changé. On travaille fort, tous les jours, dans ce sens et on n’a pas fini. Il faut avoir un minimum de respect pour ce qui a été accompli.»

Pour Brunilda Reyes, le dialogue semble impératif. «La problématique, on la connait: c’est la pauvreté. Un tel plan ne se réalise pas sur un jour et il faut l’expliquer, sensibiliser les citoyens, les administrations. Et bien sûr chercher de l’argent pour permettre notamment aux jeunes qui vivent dans des quartiers défavorisés de développer leurs compétences.»

«J’invite tout le monde à venir se promener à Montréal-Nord»
Questionnée sur l’image de l’arrondissement et les conséquences médiatiques des débordements du 6 avril qui se sont notamment produits à quelques dizaines de mètres du bureau des Fourchettes de l’espoir, la directrice de l’organisme communautaire s’insurge.

«J’invite tout le monde à venir se promener dans nos rues, clame celle qui réside dans l’arrondissement. Moi, je ne changerai pour rien au monde de quartier. Ici, c’est vivant, diversifié. Oui, Montréal-Nord est pauvre, mais son dynamisme est extraordinaire.»

«Il y a de l’espoir, reprend-elle. On a la clef pour réussir, à condition d’utiliser les bons outils. Il faut davantage de projets concrets, mais je suis convaincue que notre travail quotidien va donner des opportunités aux citoyens.»

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