Fortner Anderson offre des souvenirs à Pierrefonds-Roxboro
Le public de l’arrondissement pourra collaborer avec le poète en résidence à la bibliothèque de Pierrefonds, Fortner Anderson. Il réalisera une œuvre collective intitulée La Mémoire d’un lieu, un portrait des souvenirs qu’ont les habitants de leur quartier.
Les participants peuvent soumettre le souvenir de leur choix, pouvant relater une situation de la vie quotidienne, ou des évènements historiques et extraordinaires.
Ils doivent cependant se conformer à certaines règles, telles qu’utiliser une seule phrase et un seul verbe pour raconter leur souvenir. Le texte final sera lu à voix haute lors d’une lecture publique ou virtuelle, en fonction des mesures sanitaires en vigueur.
Ce n’est pas la première fois que M. Anderson collabore avec le public dans un processus créatif.
Il y a presque deux ans, l’artiste a réalisé L’inventaire des faits en neuf lieux de Montréal. Neuf participants de différentes communautés culturelles ont chacun passé un après-midi à un endroit différent et ont noté leurs observations. Avec leurs écrits, une performance de poésie a été réalisée.
«Je suis convaincu que tout le monde fait de l’art grâce au langage et à la parole, à différents degrés.» – Fortner Anderson
Le recours à une règle simple à respecter permet, selon Fortner Anderson, de libérer la créativité de tout un chacun, et créer une œuvre d’art puissante.
Poésie musicale
Il a commencé à lire des poètes français à l’adolescence, dont Rimbaud et Baudelaire. Vers la vingtaine, il a développé des démarches expérimentales de poésie. Il cite notamment Hugo Ball, un poète allemand qui a utilisé la musique dans ses lectures de poésie.
Sa carrière a d’ailleurs débuté dans le domaine musical dans les années 1980 avec le groupe Punkteriate. Lui et les autres membres de la formation faisaient des lectures servant de premier acte aux numéros de punk rock.
«On nous jetait des bouteilles, on retournait la faveur», rit-il.
L’artiste a aussi lu un poème accompagné d’une chorale constituée de crieurs de Heavy Metal.
Il y a environ quatre décennies, le poète a créé un service téléphonique nommé Dial-A-Poem Montreal. Sur deux ans, les gens ont pu composer le numéro gratuit et ouvert 24h pour écouter un poème enregistré.
M. Anderson a souhaité ainsi ouvrir la poésie à la communauté, en diversifiant ses prestations. «Quand j’ai commencé, c’était crève-cœur de voir sa publication rester au fond d’une étagère», explique-t-il.
Identité
La place des souvenirs dans la vie d’un individu est une chose qui a préoccupé le poète dans ses dernières œuvres. «Un projet artistique est une investigation de qui on est, de notre esprit et de notre psyché. Et nous sommes nos mémoires», avance-t-il.
Parmi ses publications se trouve un recueil sous forme de bande dessinée. Intitulé Considerations, il y relate ses souvenirs depuis l’enfance, en respectant des règles similaires à celles de Mémoire d’un lieu.
«Auparavant pour moi, Fortner Anderson était une idée grandiose» – Extrait de Considerations, traduction libre
Sa «faim pour le passé» et la place qu’y occupent les lieux se retrouvent dans l’histoire de son arrivée à Montréal à l’âge de 20 ans.
«J’étais arrivé en 1976, en route vers Paris, quelques jours avant les Jeux olympiques et la Saint-Jean-Baptiste. Au mont Royal, il y avait presque 250 000 personnes», relate le natif des États-Unis.
Il s’est réveillé le lendemain sur une pierre tombale du cimetière, et a décidé d’annuler son vol pour Amsterdam.
Fortner Anderson a ainsi fait du Québec son chez-soi depuis 45 ans.
500
Le nombre de phrases que comportera l’œuvre collaborative.