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Les visées lunaires d’une entreprise de l’ouest de l’île

Lune MPB Comm Pointe-Claire
L’Agence spatiale canadienne prépare un projet d’établissement d’une présence humaine permanente sur la Lune. Photo: Istock/Elen11

L’établissement d’une présence humaine permanente sur la lune n’est plus qu’une prémisse de science-fiction. Mais avant d’y arriver, il faudra relever plusieurs défis, dont l’amélioration des communications entre la Terre et son satellite. C’est précisément pour ça que l’Agence spatiale canadienne (ASC) fait appel à une entreprise de Pointe-Claire.

Communiquer entre la Terre et la Lune, on sait déjà que c’est possible. Maintenant, on cherche à optimiser le poids de l’équipement et à connaître nos possibilités de performance.

Michel Corriveau, Gestionnaire de projet chez MPB Communications à Pointe-Claire.

Quelle est l’origine de la vie? Est-ce que nous sommes seuls dans l’Univers?

C’est pour tenter de répondre à ces questions que l’ASC s’est donné comme mission d’établir dans les prochaines années une présence humaine permanente sur la Lune. Mais encore faut-il pouvoir communiquer entre l’espace et la Terre. Voilà le défi sur lequel travaillent Roman Kruzelecky et Michel Corriveau, respectivement chercheur et gestionnaire de projet chez MPB Communications dans l’Ouest de l’Île.

Avec cette première phase d’étude conceptuelle, la firme dispose d’un an pour travailler sur la connexion optique à haute capacité, via des liens optiques plutôt que micro-ondes, entre la surface lunaire, la station spatiale et la Terre.

Défis techniques et technologiques

L’objectif est d’établir à terme l’équivalent d’un système cellulaire sur la Lune, grâce à un satellite en orbite, voire, à plus long terme, une station spatiale. «Lorsqu’on envoie quelque chose sur la Lune, la grosseur et le poids triplent. Il faut par exemple identifier la grosseur de la lentille du télescope. Pour faire fonctionner les lasers de transmission, ça prend de l’électricité. Et pour fournir de l’électricité sur la Lune, ça prend des panneaux solaires», explique Michel Corriveau.

Exemple de laser optique avec panneau solaire qui pourrait être installé sur la surface lunaire pour permettre la communication.
Crédits: Gracieuseté/Roman Kruzelecky.

La nuit, la température sur la Lune peut descendre à -100 degrés Celsius. «Ce n’est pas n’importe quel matériel qui peut résister à ça. Il faudra trouver une caverne ou creuser un trou dans le sol lunaire pour enfouir l’équipement sous de la roche, qui va servir de couche d’isolation», poursuit le gestionnaire de projet.

«On va aussi effectuer sur ordinateur des simulations de tests de résistance aux énormes vibrations causées par les lanceurs de fusée au moment d’envoyer le matériel dans l’espace. Car plus on grandit la masse du matériel, plus on augmente les vibrations et les problèmes sont exponentiels», précise Michel Corriveau.

Dans un an, MPB Communications devra fournir à l’ASC un rapport écrit faisant le bilan de ces recherches pour permettre à l’agence d’évaluer les investissements possibles dans les infrastructures nécessaires à la communication avec la Lune. Cette première phase d’étude pourrait se poursuivre pendant une année supplémentaire pour la fabrication des prototypes à usage en laboratoire.

Pas avant 10 ans, au moins

«Connaître l’origine et le développement de la vie, savoir si nous sommes seuls dans l’univers, ce sont des questions fondamentales», explique Christian Lange, directeur, planification, coordination et concepts avancés de l’exploration spatiale à l’Agence spatiale canadienne, qui précise aussi en souriant que «la question de la présence des extraterrestres n’est pas vraiment une priorité».

Mais si les États-Unis ont annoncé leur volonté d’envoyer des astronautes de manière permanente sur la Lune à partir de 2024, le Canada n’en est qu’à sa première phase de planification dans ses projets spécifiques, et les premières contributions pourraient être lancées «d’ici 8 à 10 ans, ou même d’ici 15 à 20 ans selon la complexité du projet et des échéances imposées par [ses] partenaires internationaux», précise Christian Lange.

«Ce qui est certain, c’est que l’ASC est vraiment très enthousiaste à l’idée d’observer un astronaute canadien explorer la surface de la Lune dans le cadre d’une mission internationale. Cela nous rendrait très fiers, et ça donne beaucoup de motivation à toutes les équipes de l’agence pour repousser nos limites», ajoute le scientifique.

Selon le responsable de l’agence, l’établissement d’une présence humaine permanente sur la Lune permettra aussi de prouver des capacités scientifiques pour développer d’autres missions humaines vers la planète Mars.

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