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Exclusif – Hôpital Lakeshore: une autre «bombe à retardement»

Photo: Archives Métro

Il n’y a pas qu’à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont où l’heure est grave: la situation à l’Hôpital Lakeshore est également considérée comme une «bombe à retardement» en raison du manque de personnel et du fardeau de tâches. Le syndicat des professionnelles en soins de santé de l’établissement de santé a écrit une lettre directement au ministre de la Santé, Christian Dubé, pour le prévenir.

Dans la lettre obtenue par Métro, le syndicat fait état d’une «situation extrêmement préoccupante qui perdure depuis trop longtemps». Les infirmières de remplacement se font rares à l’Hôpital Lakeshore, ce qui constitue le nœud du problème. La situation est telle que les infirmières de l’établissement ont fait un sit-in le 26 décembre en guise de protestation.

«Ça arrive fréquemment qu’on travaille avec 7 ou 8 infirmières au lieu de 13 parce que notre employeur ne veut pas les remplacer, commente la présidente du syndicat, Johanne Riendeau. Il y a une nuit où on était quatre infirmières pendant les Fêtes. C’est impossible de faire rouler les urgences avec si peu de personnel.»

Atteint d’une crise cardiaque, un patient aurait attendu 33 minutes avant de recevoir une première évaluation en novembre, ce qui aurait pu lui être fatal. Il n’y avait alors qu’une seule infirmière au triage pour 40 civières occupées.

Elle ajoute qu’à certains moments pendant les Fêtes, en raison du manque de personnel adéquat aux urgences, le personnel médical a demandé que les ambulances soient détournées pour éviter une surcharge de travail. La requête aurait été refusée par le ministère de la Santé, qui estimait qu’une meilleure organisation des effectifs était suffisante.

«À force de se serrer les coudes, on se brise les coudes»

La pression exercée sur les infirmières occasionne des bris de service, une situation dangereuse pour la santé publique alors que le taux d’occupation des urgences est régulièrement au-dessus de 100%, dénonce le syndicat. Un soir de novembre, par exemple, une seule infirmière avait neuf patients à sa charge.

«C’est difficile de voir nos membres tomber comme ça, témoigne Mme Riendeau. Il y a plusieurs journées où les soins ne sont pas sécuritaires parce que la surcharge de travail entraîne inévitablement des erreurs.»

«Ce que je vois sur le terrain, c’est qu’il n’y a pas d’amélioration, peu importe ce que le ministre Dubé affirme, poursuit-elle. J’ai des démissions à toutes les semaines et des départs en maladie. J’ai même reçu une lettre d’une de mes infirmières de l’Hôpital LaSalle qui a quitté pour le privé après 20 ans de service parce qu’elle ne pouvait plus supporter le public.»

Mme Riendeau se dit par ailleurs ouverte à mettre en pratique l’autogestion des horaires par les infirmières dans l’Ouest-de-l’Île pour alléger le fardeau de travail. Cependant, bien que ce soit une solution proposée par M. Dubé lui-même, elle dit se faire barrer la route par la direction de l’hôpital.

«J’essaie de démarrer l’autogestion des horaires et on est en attente pour que ça se produise. Si c’est la position du ministre, on ne peut pas vraiment dire que ça fonctionne dans l’Ouest parce que l’employeur refuse de rencontrer le syndicat pour qu’on déploie cette option. C’est d’autant plus insultant et maladroit entendre le ministre de la Santé dire à Tout le monde en parle revenir d’un long congé des Fêtes dangereusement en forme et par la suite [l’entendre] dire qu’il n’est pas là pour éteindre les feux, alors que nos urgences ne peuvent pas fonctionner normalement.»

Une situation qui traîne

Les infirmières de l’Hôpital Lakeshore dénoncent une surcharge de travail depuis des années. D’ailleurs, en 2021, une plainte dénonçant le fardeau de tâches imposé aux infirmières été déposée. En octobre, une personne-ressource a été mandatée par le syndicat afin d’émettre des recommandations pour améliorer la situation.

«Dans l’état actuel des effectifs, c’est une bombe à retardement, avait écrit cette personne-ressource, Marie Boucher, dans son compte rendu de la situation. Les conséquences sur la clientèle sont extrêmement préoccupantes et celles sur les professionnelles en soins le sont tout autant.»

Le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île confirme par courriel la tenue d’un sit-in par les infirmières de l’hôpital Lakeshore le 26 décembre ajoutant que l’établissement est durement frappé par la pénurie de personnel. Plusieurs actions ont été entreprises pour remédier à cette pénurie, notamment l’affichage d’une trentaine de postes, l’implication des gestionnaires pour combler les quarts de travail surtout de nuit, le déplacement de personnel des unités vers les urgences ainsi que la mise en place et déploiement d’un plan de surcapacité.

Questionné au sujet de la situation problématique à l’hôpital Lakeshore lors de son passage à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, le ministre de la Santé et des services sociaux, Christian Dubé, affirme que son ministère tente toujours de comprendre pourquoi certains hôpitaux n’arrivent pas à éliminer le temps supplémentaire obligatoire et continue de travailler pour l’enrayer.

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