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Coronavirus : quand la résidence devient une «prison»

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Les cas de coronavirus sont en hausse à Lachine et Dorval. Photo: Archives TC Media

Pour les aînés confinés à la maison, la crise du coronavirus est particulièrement pénible. Solitude. Anxiété. Une octogénaire qui habite seule dans une résidence de l’est de Montréal lance un cri du cœur.

Tricot, lecture et télévision. Ce sont les seules activités qui restent à Simone*. Comme des milliers de Québécois de plus de 70 ans, elle suit les consignes du premier ministre François Legault. Celle qui aimait prendre un café et jaser avec ses voisins reste dorénavant dans sa chambre. Le contact humain en chair et en os est quasi inexistant.

«Je me sens un peu comme en prison, mais au moins je suis chez nous», confie la dame âgée de 86 ans qui loge à la Résidence Au Fil de l’Eau dans Rivière-des-Prairies.

Comme les hôpitaux et les CHSLD, les résidences pour aînés suivent également les indications du gouvernement pour protéger leurs résidents du coronavirus. Depuis le 13 mars, aucune visite n’est autorisée «afin de protéger les personnes les plus vulnérables ainsi que les travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux».

Toutes les activités et les spectacles ont été annulés pour un minimum de deux semaines. Le salon de coiffure et le centre de conditionnement physique sont fermés. Le restaurant n’accepte plus que les commandes à emporter.

«On nous a demandé de ne pas se recevoir [entre résidents] chez nous. On a le droit d’aller dans les couloirs, mais on doit respecter une distance de sécurité entre nous», explique Simone. Les cafés ont été remplacés par quelques appels téléphoniques entre voisins.

Les mesures de confinement n’ont pas été prises de gaieté de cœur. N’en demeure pas moins qu’elles ont un impact majeur sur la vie de personnes vulnérables.

«Ça ne fait que cinq jours, mais c’est inquiétant de ne pas savoir quand ça va se finir. Forcément on a peur pour les gens que l’on connaît», confie Simone.

Des mesures importantes

Le quotidien des quelque 850 résidents a été chamboulé par le coronavirus.

Ils doivent dorénavant se faire livrer des denrées en les commandant par téléphone ou par internet. Les livreurs laissent les provisions devant la porte de l’établissement. C’est un employé qui assure la distribution des sacs aux appartements.

Les proches aidants doivent quant à eux avoir une lettre de recommandation du CIUSSS pour pouvoir rentrer dans le bâtiment.

La direction a décidé de mettre en place un système d’appels téléphoniques quotidien pour s’assurer que tout le monde va bien.

«La sécurité et la santé de nos résidents, c’est notre priorité actuellement», insiste Salvatore Migliara, propriétaire d’Au Fil de l’Eau.

Ce dernier est d’ailleurs lui-même en isolement préventif depuis le 11 mars, après être revenu d’un voyage en Floride. De loin, il suit la situation avec sa conjointe Danièle Trépanier, directrice de la résidence.

«On fait notre possible pour aider nos résidents qui sont comme notre famille. Dès qu’on pourra y aller, nous irons», explique-t-il.

Mme Trépanier renchérit, «c’est très frustrant, parce qu’on aimerait être sur le terrain avec tout le monde».

L’appel aux proches

De son appartement, Simone* n’entend plus le bruit des voitures roulant sur le boulevard Gouin : «D’habitude je me réveille de bonne heure, parce qu’il y a du trafic. Là tout est vide; je préférerais entendre ce bruit».

Comme de nombreux aînés, Simone compte beaucoup sur les appels de sa famille. Une attention «qui montre qu’on pense à nous et qui nous occupe aussi», confie-t-elle.

Son entourage lui fait d’ailleurs parvenir régulièrement des photos et des vidéos de ses arrière-petits-enfants. Ces derniers enverront même à Simone des dessins par la poste. Un moment de plaisir qui la fera se sentir un peu moins seule.

*Nom fictif.

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