Le zéro déchet séduit les Montréalais
Près d’un an après l’ouverture de la première épicerie zéro déchet dans Villeray, la tendance est en pleine croissance. De plus en plus de clients se laissent convaincre par ces commerces alternatifs.
Olivier Boucher est devenu un habitué des épiceries zéro déchet. Originaire de Québec, il s’est engagé pleinement dans ce mode de vie et est même venu vivre à Montréal pour y trouver une offre commerciale qui répond à sa démarche.
«On pense que tout ce qui est nouveau est compliqué, mais ce n’est vraiment pas difficile et c’est important de réduire son empreinte écologique», juge ce nouveau Rosemontois qui n’a jeté que 1,5L de déchets non recyclables et non compostables durant les trois derniers mois.
À titre de comparaison, chaque Québécois produit en moyenne 700 kg de déchets non recyclés par an.
C’est en partant de ce constat inquiétant que des commerces qui bannissent les sacs plastiques et emballages ont ouvert leurs portes ces derniers mois. Dans Villeray, l’épicerie LOCO fondée par d’anciennes étudiantes de l’UQAM a été la première à se lancer il y a près d’un an.
«On a tout de suite senti l’engouement et la clientèle est au rendez-vous. On a prouvé que cela peut fonctionner et qu’il ne faut pas avoir peur de foncer», se réjouit Andréanne Laurin, l’une des quatre cofondatrices.
LOCO accueille aujourd’hui autour de cent clients par jour et va ouvrir une deuxième épicerie à l’automne pour répondre à la demande. Un sondage sur internet est en cours pour décider du lieu d’implantation.
Pour l’instant, l’offre se concentre essentiellement dans Villeray et La Petite-Patrie, où l’on retrouve Vrac & Bocaux, la deuxième enseigne à s’être lancée en octobre 2016. Comme LOCO, cette dernière connaît une croissance «exponentielle» et son offre a plus que doublé depuis l’ouverture.
«On sent que les gens sont hyper prêts. On a pas le choix, il faut prendre un virage vert et plus on le fera, plus ce sera facile et moins cela coûtera cher.» Nelly Mermet-Grandfille, cofondatrice de Vrac & Bocaux.
Face à cet engouement manifeste, de plus en plus de commerçants s’engagent dans cette démarche. Plusieurs grandes enseignes proposent notamment des bacs de vrac depuis quelques mois.
«On a beaucoup de visites de gens qui ont envie de créer des projets et des commerces autour du zéro déchet, c’est comme une grosse vague», compare Nelly Mermet-Grandfille.
Plutôt que de se concurrencer, les commerces à vocation zéro déchet de Montréal ont créé une association pour agrandir ce réseau, améliorer l’offre et accentuer la sensibilisation de la population.
Un premier festival zéro déchet
Un mouvement similaire a été engagé par un collectif de citoyens. Dans le but d’organiser le premier festival zéro déchet du Québec, ils ont constitué une association au début du mois de juin pour promouvoir ce mode de vie.
«On veut amorcer le changement. On cible autant les gens déjà engagés que ceux qui sont intéressés ou les simples curieux. On veut faire connaître ce qui existe, apporter des solutions et mettre les gens en relation», précise Élodie Briant, membre de l’Association québécoise Zéro Déchet (AQZD) qui approche déjà les cinquante adhérents.
Le premier festival zéro déchet de Montréal aura lieu les 14 et 15 octobre au marché Bonsecours. Des ateliers, des conférences et des stands de commerçants seront proposés aux visiteurs afin d’agrandir la communauté.
«Les épiceries ouvertes dans la dernière année ont donné l’impulsion et il y a un effet boule de neige à Montréal et au Québec. Ce sont de petites choses, mais à force de montrer l’exemple, il y a de la contamination positive», salue Laure Caillot, membre de l’AQZD et blogueuse zéro déchet.
25 000
C’est en kilos la quantité de déchets produits chaque minute au Québec. 80% des emballages que nous jetons proviennent de nos achats courants.
Une démarche personnelle pour l‘environnement
Partant du principe que le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas, le mouvement zéro déchet a été instauré en 2004 par l’Alliance internationale zéro déchet. Sur cette base, plusieurs épiceries sans sacs ni emballages ont vu le jour depuis une dizaine d’années, principalement en Europe.
Les clients se présentent avec leurs bocaux, boîtes et bouteilles puis se servent à partir de bacs contenant des produits en vrac ou des cuves de liquides. Des produits cosmétiques et ménagers sont aussi disponibles dans certains magasins.
À Montréal, les premières épiceries à vocation zéro déchet ont été créées il y a un an. En plus des clients, elles tentent d’inciter leurs fournisseurs à réduire au maximum les emballages pour produire le moins de déchets possible.