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De la poutine contre Poutine

Pour protester contre la loi homophobe adoptée par le gouvernement russe en juin dernier, Marcella Sciliano et Marie-Claude Belzile invitent les Montréalais à prendre une bouchée de poutine le jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Sotchi, le 7 février 2014.

Le couple lesbien ne cache pas son étonnement devant l’homophobie avouée de l’État russe. « Je n’arrive pas à croire que c’est encore possible de faire des choses comme ça en 2013 », déclare Mme Belzile.

Cette dernière partageait un café avec sa petite amie lorsqu’elle a entendu parler de la loi adopté à la Douma, la chambre basse du parlement russe, le 12 juin. « C’est Marcella qui a eu l’idée de faire une journée Poutine contre Putin (sic). Comme je travaille au Broue Pub Brouhaha (situé à l’angle de la rue des Carrières et de l’avenue de Lorimier) et qu’on y sert l’une des meilleures poutines de la ville, elle m’a demandé si c’était possible qu’on fasse l’événement là-bas. J’en ai parlé aux propriétaires. Ils se sont montrés ouverts à l’idée », relate la serveuse.

Dès lors, les deux jeunes Rosemontoises ont pris contact avec des organismes, des entreprises et même des artistes d’origine russe vivant à Montréal pour connaître leur intérêt. « Ce qui est le fun, c’est que les gens embarquent! Tout le monde a donné une réponse positive jusqu’à maintenant », s’exclame Mme Sciliano.

Néanmoins, le projet est encore dans une phase préparatoire. Une page Facebook et un site web naîtront dans les semaines à venir avec les détails entourant cette journée.

Des répercussions internationales

Pour le couple, l’objectif implicite de cette loi est clairement à l’origine des préoccupations de plusieurs organisations et gouvernements. « On veut éliminer l’homosexualité en passant par les jeunes. On la cache pour ne pas que les enfants puissent savoir que cette orientation existe. Pour moi, il s’agit d’une mesure beaucoup plus dramatique que l’emprisonnement. C’est une forme de censure tout simplement », avance Mme Belzile.

La plus grande inquiétude pour le couple reste que cette loi inspire d’autres pays. « Ça nous concerne même si on n’habite pas la Russie. Si d’autres pays adoptent des lois similaires, on va faire quoi? En tant que couple lesbien, on ne pourra plus y aller ! », suggère Mme Belzile.

Par contre, les deux femmes ne considèrent pas le boycottage des Jeux de Sotchi comme une solution enviable. « Les athlètes, le peuple russe et même les entreprises affiliées à cet événement n’ont pas à être pénalisés à cause des décisions du gouvernement russe », insiste Mme Belzile.

Déghettoïser la communauté LGBTQ

Mmes Sciliano et Belzile ne veulent pas tenir l’événement dans le Village gai. « Ça ne s’adresse pas juste aux membres de la communauté LGBTQ (ndlr, lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres et queers). On invite toute personne qui désire s’opposer à la loi russe à venir », explique la serveuse.

Cependant, elles aimeraient que cette journée Poutine contre Putin ait lieu dans d’autres villes, notamment en région. « Beaucoup d’homosexuels fuient leur ville natale pour venir s’installer à Montréal », explique Mme Belzile qui vient de Baie-Comeau.

Selon les deux Rosemontoises, l’importance d’une journée de contestation à l’échelle de la province aurait beaucoup plus d’impact en région qu’à Montréal. « C’est ce qu’on espère en tout cas », termine Mme Sciliano

Après neuf ans d’absence, Mme Belzile est retourné à Baie-Comeau pour la première fois dernièrement. Suite à sa visite, elle note qu’il y a une plus grande tolérance et une meilleure compréhension de l’homosexualité au Québec en général, mais qu’il y a encore du travail à faire. « On subit encore de la discrimination par les regards et les insultes », confie-t-elle.

Une loi homophobe

Adoptée le 12 juin par la Douma et signée par le président Vladimir Poutine à la fin du mois, cette loi sanctionne sévèrement les personnes qui propagent publiquement de la « propagande de relations sexuelles non traditionnelles auprès des mineurs ».

La portée de cette loi reste encore mal définie, mais prévoit une amende, une peine emprisonnement et même l’expulsion dans certains cas.

Pour en savoir plus, écrire à marie-claude.belzile.1@umontreal.ca ou à mtlmerchgrrrl@gmail.com.

Rémy-Paulin Twahirwa

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