COVID-19: les cas actifs au Québec, une donnée à ignorer?
Les hospitalisations, le nombre de cas par million, les décès, les prélèvements, les nouvelles infections… les bilans quotidiens de la COVID-19 au Québec ont leur lot de chiffres. Une seule donnée semble souvent oubliée: les cas actifs.
En consultant une douzaine de publications au hasard faisant le bilan quotidien du Québec dans différents médias, on remarque qu’aucun ne fait mention des personnes qui sont actuellement aux prises avec la COVID-19.
Le constat est le même en regardant les mises à jour faites par le ministre de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Christian Dubé, sur les réseaux sociaux ou encore par Santé Québec.
Rien d’étonnant selon le Dr Karl Weiss, microbiologiste et spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif à Montréal. «Ça n’a pas beaucoup d’utilité, souligne-t-il. C’est sûr que plus vous allez avoir des cas journaliers accumulés, plus le nombre de cas actifs va augmenter. Ça ne vous donne pas beaucoup d’indices sur la sévérité des cas.»
C’est pourquoi l’attention est et devrait être davantage tournée vers le nombre de patients hospitalisés et aux soins intensifs, estime le microbiologiste.
«Vous pourriez avoir 1000 cas actifs qui sont tous hospitalisés aux soins intensifs et c’est beaucoup. Et vous pourriez-avoir 100 000 cas actifs qui sont pas très malades, chez eux à la maison» -Karl Weiss, microbiologiste et spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif à Montréal
Démarche
Par définition, une personne qui a le virus est considérée comme un cas actif jusqu’à ce qu’elle ne soit plus susceptible de le transmettre. C’est à ce moment qu’elle est considérée rétablie par les autorités sanitaires. La période de contagiosité varie entre 10 et 21 jours.
«Le médecin traitant ou le professionnel désigné pour assurer le suivi d’un cas doit tenir compte de l’absence de fièvre, de l’amélioration de l’état du patient, de la sévérité de l’infection et du milieu où la personne est en isolement (à domicile, hospitalisée, ou provenant d’un milieu de vie fermé) avant de déterminer si elle est effectivement ‘rétablie’», fait savoir la conseillère scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Isabelle Rouleau.
Pour déterminer le nombre de personnes qui sont aux prises avec le virus, les autorités sanitaires soustraient du bilan total de cas confirmés le nombre de décès et les personnes jugées rétablies.
«À ce jour, aucun organisme de santé publique ou société savante n’a statué sur la durée d’un épisode de COVID-19, mais on sait que les résultats de tests TAAN [test d’amplification des acides nucléiques] peuvent rester positifs jusqu’à trois mois.» – Isabelle Rouleau, conseillère scientifique à l’INSPQ
Au mois d’août, Héma-Québec avait déterminé à l’aide de tests sérologiques qu’environ trois fois plus de personnes avaient contracté le coronavirus. «L’étude rejoint ainsi les études du gouvernement fédéral, qui arrivent à des conclusions similaires, commente la porte-parole au MSSS, Marie-Claude Lacasse. Rappelons toutefois que depuis le printemps, la capacité de prélèvement et d’analyse du Québec a été rehaussée de beaucoup et donc, que plus de gens sont testés et dépistés.»
Or, aucun lien ne serait à faire entre le nombre de cas actifs déterminés par la Santé publique et l’étude d’Héma-Québec.
«La seule corrélation qu’on peut faire, c’est avec le nombre de cas total qui a été recensé jusqu’à la date où on a commencé à échantillonner dans cette population-là. Elle ne dit rien sur les actifs. C’est une autre question», assure le Dr Marc Germain, vice-président aux affaires médicales et innovation chez Héma-Québec.
Le nombre de cas actifs est passé de 11 294 à 2 269 entre le 15 mai et le 15 septembre, selon les données de l’INSPQ.
Le nombre de nouvelles infections, qui sont des cas actifs, rapportées le 21 septembre, s’élève à 586. Il s’agit d’un sommet en plusieurs mois.