Boul. Cavendish: DeSousa répond à Ferrandez
Anne-Frédérique Hébert-Dolbec
Luc Ferrandez veut écarter l’idée mainte fois discutée à l’Hôtel de Ville de raccorder le Boulevard Cavendish. Il affirme que l’argent réservée au projet devrait plutôt servir à l’acquisition de territoires pour de nouveaux logements sociaux.
« La somme actuelle de 1 M$ par année ne suffit absolument pas aux besoins en logement social alors que plus de 213 000 ménages locataires à faibles revenus éprouvent des difficultés d’accessibilité financière au logement et que l’offre actuelle de logements sociaux s’élève à près de 75 000 unités. »
Le maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, se dit préoccupé par les besoins en logements abordables, mais rappelle que le dosser a reçu le support des citoyens et de toutes les instances gouvernementales.
« C’est très irresponsable de la part de M. Ferrandez de faire un amendement semblable. Il propose un faux choix aux citoyens en opposant les problèmes de logements sociaux à Côte-des-Neiges à une infrastructure qui encouragera le transport actif et facilitera les déplacements pour plusieurs communautés dans la région, dont Côte-Saint-Luc, Mont-Royal et Saint-Laurent. »
Un boulevard médiocre
Selon plusieurs médias, M. Ferrandez a soutenu en conférence de presse le 12 novembre que les 13.5M $ réservés au projet ne servirait qu’à créer un nouveau « grand boulevard urbain « cheapo » » semblable aux autres, et qui serait « bordé par des Pizza Hut et des Canadian Tire. » Un projet qu’il qualifie de « médiocre. »
M. DeSousa a rejeté les critiques de Ferrandez. Il considère que les élus doivent demeurer conscients des bénéfices sociaux et économiques qui découleront du projet Cavendish.
« Le raccordement du boulevard Cavendish est primordial afin de développer le secteur de l’Hippodrome, qui a été cédé par Québec à la Ville de Montréal, et qui devrait entraîner la construction de plusieurs milliers de logements. »
L’arrondissement Côte-des-Neiges – Notre-Dame-de-Grâce suivra les objectifs fixés dans la stratégie d’inclusion de logements abordables de la Ville de Montréal dans le cadre du Projet Hippodrome: 15% des nouvelles unités d’habitation seront des logements sociaux, et 15% seront consacrés aux logements abordables.
Russell Copeman, responsable de l’urbanisme au conseil de ville de Montréal, appuie M. DeSousa, et qualifie les propos du chef de l’opposition de « fabulations ».
« Qu’est-ce qu’il en sait Ferrandez? Je n’ai jamais vu de plan qui parle d’un boulevard « cheap » bordé de Tim Hortons et de Pizza Hut. Il raconte un cauchemar qui n’a rien à voir avec la réalité. Tout le monde souhaite que le développement de l’hippodrome laisse place à un quartier durable, vert et à l’échelle humaine. Il n’est pas question de charcuter le site avec des monstruosités. »
Bien que cette approche verte soit dans l’air, aucun plan n’a encore été adopté qui permette de savoir à quoi ressembleront le boulevard Cavendish et le quartier de l’hippodrome.
Le milieu économique réagit
William Habib, président de la chambre de commerce et d’industrie Saint-Laurent – Mont-Royal, s’oppose aussi vivement à l’annulation du projet Cavendish. Il considère que le raccordement est nécessaire au développement économique du secteur commercial du Centre-Ouest de Montréal, ainsi qu’au désengorgement de la circulation.
« Ça fait 50 ans qu’on parle de ce projet, et ça fait 50 ans que les coûts augmentent. Je ne crois pas qu’on doive arrêter tout le travail qui a été fait. Au moins 200 000 personnes circulent sur le boulevard Décarie chaque jour, et plus de la moitié se dirigent vers le nord. J’invite M. Ferrandez à venir jeter un coup d’œil sur Décarie, et de réaliser à quel point il est congestionné. »