« Ce ne sont pas des musulmans »
« Je déplore vivement ce qui s’est passé, déclare Mokhtar Djellal rencontré sur le parvis de la mosquée. On ne comprend pas pourquoi ils font ça. Ce sont des actes isolés, mais ce n’est pas l’islam, même s’ils disent qu’ils le font au nom de l’Islam. Ce que m’ont appris mes ancêtres, c’est une religion de tolérance, d’amour et de paix qui nous montre à interagir dans l’intérêt de tous. »
« Nous sommes des musulmans. Les assassins ne sont jamais des musulmans parce que notre loi fondamentale est “tu ne tueras point”. On ne peut pas mettre ça sur le dos de l’Islam », explique un fidèle converti à l’Islam depuis 17 ans.
« Ces gens [qui commettent des attentats] sont des malades, c’est le gouvernement du Canada qui doit les arrêter. Il faut les isoler », ajoute Abdel, un autre fidèle.
Rencontré devant la mosquée, quelques minutes avant le début de la prière du vendredi, le responsable de la mosquée s’est montré beaucoup moins bavard que ses fidèles. Il s’est d’abord contenté d’exprimer son opposition face aux événements d’Ottawa avant de nous inviter à partir.
La faute aux musulmans
« On ne peut pas empêcher les gens de rejoindre une religion, mais associer l’Islam à ce qui arrive dans la société, ce n’est pas correct, estime le responsable qui n’a pas voulu se nommer. Il y a des gens qui disent que tout ce qui se passe au Québec, c’est de la faute des musulmans. »
Il n’est pas le seul à croire que l’image de l’Islam a été associée à tort à ces actes de terroriste.
« On a diabolisé l’Islam, mais ce n’est pas vrai. Il faut voir ce qui se passe à l’intérieur des communautés pour voir ce qu’est vraiment l’Islam. Il y a des extrémistes dans toutes les religions. Le groupe terroriste Daech, par exemple, dit qu’ils sont l’Islam, mais moi, je ne me reconnais pas dans ces gens-là », explique M. Djellal.
Malgré cela, cet exterminateur de vermines à domicile croit que le regard des gens n’a pas changé envers les musulmans. Selon lui, les leaders de la communauté musulmane canadienne ont contribué à dissocier la religion de ces actes en les condamnant rapidement.
« Si quelqu’un fait du mal, il faut juger cette personne et non l’Islam. C’est comme si on donnait une recette à plusieurs personnes, certains vont bien réussir le plat et d’autres non. C’est la même chose avec l’Islam : les terroristes n’ont pas réussi la recette », estime le fidèle.
Pour d’autres fidèles, comme Abdel, le regard des gens importe peu.
« Il y a des gens qui font la différence et d’autres non, précise-t-il. Moi, ça ne me gêne pas parce que je n’ai rien à me reprocher. »
Ce père de famille ne craint pas que son fils s’engage sur le sentier de l’extrémisme. Il ne vérifie d’ailleurs pas le contenu des pages que consultent ses enfants.
« Mon fils ne regarde jamais cela. Notre famille ne s’intéresse pas à cela. Je connais mon fils comme je me connais, alors ça ne m’inquiète pas », raconte l’employé de l’aéroport.