Santé mentale: «Ce n’est pas vrai que c’est juste dans nos têtes»
Pensées suicidaires, troubles alimentaires et anxiété sévère, une jeune léonardoise de 16 ans a décidé de briser le silence et de parler ouvertement de son combat contre la dépression.
Eleni Giannakas, élève de cinquième secondaire à l’école Laurier Macdonald, a vécu avec la dépression pendant plusieurs années. Maintenant sur la voie de la guérison, elle souhaite partager son expérience avec les jeunes de son âge, dans le but de faire tomber les préjugés sur les maladies mentales.
Dans le cadre de la journée «Bell cause pour la cause», la jeune femme s’est portée volontaire pour raconter son histoire, devant les élèves de l’école qu’elle fréquente, à Saint-Léonard. Son intervention était aussi diffusée en direct sur le web, dans des écoles de Toronto.
«J’ai vraiment touché le fond du baril. L’anxiété, les crises de panique et mon alimentation malsaine m’ont complètement mise à terre. Même avec des médicaments et une thérapie, j’ai dû être hospitalisée. Je suis allée jusqu’à m’infliger des blessures, à penser au suicide», raconte la jeune femme au Progrès, émotive.
Consciente qu’elle perdait tranquillement le contrôle, l’adolescente s’est confiée à sa mère, qui a pris la situation en main.
«Eleni a reçu un diagnostic de grave dépression et d’anxiété, explique sa mère, Gail Blacker Giannakas. Elle a séjourné à l’hôpital pendant plus de quatre mois.»
Elle est retournée à l’école en septembre dernier, mais a été réadmis à l’hôpital une semaine en septembre et deux semaines en décembre.
«Elle y va d’elle-même, elle le fait quand elle a des rechutes et qu’elle a l’impression qu’il n’y a pas d’autres options que le suicide. Elle livre durement son combat», renchérit sa mère.
Partager son histoire
En plus de se confier à ses camarades de classe, Eleni Giannakas a partagé une vidéo sur YouTube et a publié son histoire sur Facebook.
«Je veux briser les tabous associés à la dépression. Ce n’est pas vrai que c’est juste dans nos têtes. Je veux montrer aux gens qui vivent cette situation-là qu’il y a de l’espoir et qu’on peut s’en sortir», ajoute Eleni.
«Elle veut dire aux gens que la dépression existe, mais qu’elle ne doit pas ruiner la vie. Peut-être que le fait que ce soit une adolescente qui le dise va faire en sorte que les jeunes vont réfléchir deux fois avant de juger une personne vivant avec un problème de santé mentale», continue la mère de la jeune.
Le Centre de ressources en santé mentale de la Commission scolaire English-Montréal (CSEM) s’est aussi joint à l’événement.
«La plupart des personnes qui ont des problèmes de santé mentale ne cherchent pas le soutien dont ils ont besoin parce qu’ils craignent le jugement des autres. Ils ne reçoivent donc pas l’aide et le soutien nécessaires jusqu’à ce que la situation s’aggrave», explique Despina Vassiliou, psychologue et coordonnatrice du Centre de ressources en santé mentale de la CSEM.
«Plus tôt l’intervention est effectuée, meilleur est le pronostic. Il est important de sensibiliser les jeunes à la cause puisque 70% des adultes qui souffrent d’une maladie mentale présentaient déjà des symptômes à l’enfance», conclut Mme Vassiliou.