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«Un film avec des voitures, des armes à feu et de la violence, mais pas pour les amateurs de voitures, d’armes à feu et de violence»

Affiche du film Le bruit des moteurs de Philippe Grégoire
Affiche du film Le bruit des moteurs de Philippe Grégoire Photo: Gracieuseté / Philippe Grégoire

Alors que sa sortie en salle le 25 février prochain, Le bruit des moteurs a fait déjà l’unanimité auprès des cinéphiles et accumule les récompenses et nominations. Métro s’est entretenu avec son réalisateur Philippe Grégoire, résident de l’arrondissement du Sud-Ouest, sur son premier long métrage de fiction.

Le film met en scène Alexandre, incarné par l’acteur Robert Naylor. Ce formateur pour l’armement des douaniers canadiens retourne dans son village natal après avoir été congédié par sa directrice pour sexualité compulsive.

Le réalisateur Philippe Grégoire. Photo: Mark Layvike

Alors qu’il prête main-forte à sa mère sur la piste de course automobile de celle-ci, il se lie d’amitié avec une pilote de course islandaise qui l’accompagnera dans son cheminement personnel, un peu à l’image du fantôme des Noëls passés de Scrooge. Or, Alexandre se retrouve sous surveillance policière dans le cadre d’une affaire de dessins à caractère sexuel qui ébranle le petit village.

C’est bien une autofiction qu’a réalisée Philippe Grégoire, qui a lui-même travaillé à la douane lors de ses études en cinéma et qui vient du village où se déroule la majorité du film.

Philippe Grégoire dépeint tout d’abord l’ignorance d’Alexandre à l’égard des changements de la société et de son propre village, qu’il peine à réaliser. C’est une mise en garde au sujet des changements auxquels on ne s’attend pas et qui peuvent nous surprendre que le réalisateur a voulu faire.

«Le personnage d’Alexandre ne se méfie pas de ces changements et ne prend pas conscience du moment dans lequel il vit […] Il y avait une partie de moi qui voulait aborder ça, le fait de toujours être à l’affût des changements et de ce qui se passe, de ne jamais penser que l’évolution est une ligne continue et qu’à un moment donné on peut dévier […], de faire attention et de ne rien tenir pour acquis», explique Philippe Grégoire.

Tout au long du film, la sexualité du personnage joue un rôle directeur. Le cinéaste a souhaité transformer la représentation courante de la sexualité dans le cinéma.

«La sexualité fait partie de nos vies, pourquoi devrait-on s’en servir pour choquer ou surprendre? Je me suis dit: on va montrer qu’il arrive un gros problème lié à la sexualité et le fait que les gens en font beaucoup trop, mais on ne va pas la montrer, car on n’a pas besoin de la voir.»

Alors que le film est ponctué de moments de violence et de tension entre les protagonistes, Philippe Grégoire invite le public à prendre du recul. Avec l’idée de «se prendre moins au sérieux», le réalisateur fait une place dans son film à la réflexion, dans le but que le spectateur demeure critique.

«C’est un film avec des voitures, des armes à feu et de la violence, mais pas pour les amateurs de voitures, d’armes à feu et de violence», explique le réalisateur.

Le bruit des moteurs évoque aussi différents moments de l’histoire québécoise et canadienne, que ce soit les décisions du gouvernement conservateur de Stephen Harper menant à l’armement des douaniers ou l’histoire des patriotes ayant marqué son village natal.

«On ne fait pas beaucoup d’effort pour se rappeler de l’histoire», dit-il.

La distribution du film met en vedette des talents confirmés tels que Robert Naylor, originaire de l’ouest de l’île de Montréal, et l’actrice islandaise Tanja Björk, qui tiennent les rôles principaux aux côtés de Naïla Rabel, Marie-Thérèse Fortin, Alexandrine Agostini, Marc Beaupré et Maxime Genois.

Le monde du cinéma a réservé un très bon accueil au film depuis sa première mondiale au festival de San Sebastián en Espagne et sa première québécoise au Festival du nouveau cinéma, où il a obtenu le prix Québecor saluant le meilleur espoir de la compétition nationale.

Il a depuis été sélectionné dans 25 événements à travers le monde et se retrouve finaliste dans trois catégories aux Prix Écrans canadiens: Le bruit des moteurs est en nomination pour la meilleure réalisation, pour le prix John Dunning pour le meilleur premier long métrage ainsi que pour la meilleure interprétation féminine dans un rôle de soutien pour Tanja Björk.

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