Comment se porte le logement dans le Sud-Ouest?
Alors que la nouvelle saison de déménagements approche à grands pas, Métro a contacté plusieurs organismes de quartier afin de brosser un portrait de la situation du logement dans l’arrondissement du Sud-Ouest, où la hausse des loyers et du nombre de reprises de logements côtoie des HLM en mauvais état.
La question du logement préoccupe depuis plusieurs années les habitants du Sud-Ouest alors que la population ne cesse d’augmenter, notamment à Griffintown.
Reprises et hausse des loyers
Les organismes des différents quartiers du Sud-Ouest ont remarqué un grand nombre de reprises de logement, lesquelles permettent au propriétaire d’utiliser l’endroit pour s’y loger ou pour qu’un membre de sa famille y habite.
«Ce qui arrive la plupart du temps, c’est que ces reprises de logements là sont des rénovictions cachées, qui font sortir le locataire pour rénover et faire augmenter le prix des loyers», explique le coordonnateur de l’organisme POPIR–Comité logement, Philippe Desmarais, en ajoutant que cela fait quelques années que le phénomène s’amplifie dans l’arrondissement.
Durant les quatre derniers mois, le POPIR, qui défend les droits des locataires de Saint-Henri, de la Petite-Bourgogne, de Côte-Saint-Paul et de Ville-Émard, a reçu 44 appels concernant des reprises de logements, des évictions et rénovictions.
Un constat que fait aussi le Regroupement Information Logement (RIL) de Pointe-Saint-Charles: «Parfois ce n’est pas juste un logement, ça peut-être un bloc tout entier», souligne le coordonnateur de l’organisme, Hassan El Asri, en donnant l’exemple d’une maison de chambres située sur l’avenue Ash qui avait été rachetée récemment par un promoteur.
De plus, la hausse des loyers s’est fait ressentir cette année dans l’arrondissement. Selon le dernier rapport de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), la zone du Sud-Ouest/Verdun a connu une augmentation de 5,2% du prix des loyers entre octobre 2020 et octobre 2021. Cela la place en troisième position des zones en matière d’augmentation à Montréal, après LaSalle (8,8%) et Montréal-Nord (5,8%). À Montréal, la variation totale est de 3,7%.
Des logements peu disponibles
Toujours selon le rapport de la SCHL, à Montréal, en 2021, seulement 13% des appartements disponibles pouvaient être considérés comme abordables pour les ménages les moins fortunés (qui gagnent moins de 25 000 $ par an).
Les organismes du Sud-Ouest remarquent une baisse des logements disponibles et abordables dans l’arrondissement.
«En ce moment, dans l’arrondissement du Sud-Ouest, on voit ce qu’il se passe à différents endroits dans la ville de Montréal. On voit des gens qui sont inquiets parce que les prix ont grimpé, parce qu’il y a une pénurie de logements abordables», confirme le maire du Sud-Ouest et vice-président du comité exécutif responsable de l’habitation à la Ville de Montréal, Benoit Dorais, en évoquant la mise en place récente d’une campagne de publicité de la Ville ayant pour objectif de sensibiliser la population aux droits des locataires.
M. Dorais mentionne plusieurs initiatives de la Ville visant à aider la population à trouver un logement, comme l’Opération 1er juillet, et la volonté de la Ville de racheter plusieurs terrains pour y bâtir des logements abordables, notamment grâce à un nouveau droit de préemption.
Récemment, de nouveaux financements fédéraux ont également été alloués pour rénover les habitations à loyer modique (HLM), dont certains logements ne sont pas habitables parce que trop délabrés. Mais, à l’image du POPIR, les organismes de l’arrondissement s’inquiètent des conditions actuelles de certains HLM, du délai que pourraient prendre les travaux et de l’insuffisance du financement pour rénover l’ensemble des HLM.
Malgré ces initiatives, les organismes continuent de demander plus de réglementation quant aux logements, comme l’obligation, pour les propriétaires, d’indiquer le prix précédent sur un nouveau bail ainsi que plus de financement pour les logements sociaux.
Le POPIR et le RIL constatent le départ de familles moins aisées du Sud-Ouest vers des quartiers excentrés de la ville, en raison de la hausse des loyers et de la baisse du nombre de logements disponibles.
«Les gens, quand ils perdent un logement dans le quartier, ils ne perdent pas juste un logement, mais tout un réseau social construit au fil des ans», se désole Hassan El Asri.