Manifestation devant une maison de chambres à Ville-Émard
Une dizaine de personnes étaient rassemblées ce vendredi 6 mai devant une maison de chambres de Ville-Émard, afin de protester contre la mise en vente de l’édifice et l’éviction des locataires. La manifestation visait à interpeller les gouvernements municipal et provincial afin qu’ils renforcent la réglementation des maisons de chambres et pour les propriétaires.
La manifestation faisait suite à une nouvelle diffusée dans le journal La Presse, sur les nouveaux propriétaires d’une maison de chambres de Ville-Émard, au 5901-5903 boulevard Monk, qui tentent d’évincer les locataires afin de vendre l’immeuble à profit.
Elle était organisée par le Comité habitation de Concertation Ville-Émard–Côte Saint-Paul, qui le POPIR comité logement, Alternatives communautaires d’habitation et d’intervention de milieu (ACHIM), Bâtir son quartier, et Concertation Ville-Émard–Côte Saint-Paul.
«Dans l’annonce, c’est clairement stipulé que c’est un projet idéal pour des propriétaires occupants rénovateurs, et, encore plus grave, que l’immeuble pourrait être livré vacant, ce qui est faux. Cela démontre des intentions malhonnêtes [des propriétaires]», souligne l’organisatrice communautaire et responsable des dossiers relatifs aux quartiers Côte-Saint-Paul et Ville-Émard du POPIR, Ines Benessaiah. Cette dernière espère que les gouvernements provincial et municipal mettent en place une réglementation pour encadrer et protéger les maisons de chambres, et également pour punir les propriétaires aux pratiques illégales.
«Les élus de tous les paliers de gouvernement doivent se sentir interpellés. À l’Arrondissement, on a agi pour protéger les maisons de chambres: en 2020 on a passé une réglementation qui interdisait de transformer des maisons de chambres pour d’autres usages, sauf pour du logement social et communautaire», explique la conseillère d’arrondissement du district Saint-Paul–Émard–Saint-Henri-Ouest, Anne-Marie Sigouin, qui était présente à la manifestation.
Locataires évincés
Depuis le premier avis envoyé en février dernier par les propriétaires, 13 chambreurs sur les 16 habitant dans le bâtiment ont quitté les lieux. Parmi les locataires restants, deux ont contesté l’avis avec l’aide du POPIR.
C’est le cas d’Yvan Girard, qui habite depuis trois ans dans la maison de chambres. Il fallait qu’on s’en aille, mais où? C’était en hiver en plus, et on n’avait pas de place. C’est difficile de trouver un endroit à des frais abordables», indique-t-il, en évoquant le stress vécu depuis l’envoi de l’avis du propriétaire, et en mentionnant également l’insalubrité des espaces locatifs.
Yvan Girard, tout comme le second locataire de l’immeuble, cherche actuellement un logement abordable dans le Sud-Ouest, dont le prix se rapproche du loyer mensuel de 475$ payé dans la maison de chambres.
«Quand une maison de chambres comme celle-là ferme, et que les personnes sont évincées, ces dernières sont plus à risque de se retrouver en situation d’itinérance», se désole l’organisatrice communautaire au Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Catherine Marcoux, en précisant que les logements abordables comme les maisons de chambres ont tendance à se raréfier dans la ville.