Requiem pour un règlement désuet
Lors de la séance du conseil du 4 mars, Manon Ricard, une résidente de Côte-Saint-Paul, a probablement appris à une majorité d’automobilistes une chose qu’ils ignoraient.
Le 17 février au matin, comme elle l’a relaté avec humour, elle a trouvé sur le pare-brise de son véhicule une «nouvelle parure»: une contravention de 53$. Pourtant, aucun panneau n’interdisait le stationnement à cet endroit.
C’est qu’elle avait enfreint l’article 31, alinéa 1, du Règlement sur la circulation et le stationnement de la Ville de Montréal stipulant qu’il «est interdit, en un endroit d’un chemin public où le stationnement est permis, de stationner un véhicule routier plus de 24 heures consécutives». Un règlement qui n’est affiché nulle part. Mais comme on sait, nul n’est censé ignorer la loi. Plusieurs résidents de la rue de Villiers ont aussi eu droit à cette désagréable surprise le mois dernier.
Vieux règlement
Lors de la séance du conseil, Manon Ricard a demandé au maire de l’arrondissement, Benoit Dorais, ce qu’il entendait faire à propos de ce règlement que les arrondissements Rosemont-La Petite-Patrie et Plateau-Mont-Royal ont déjà modifié.
Elle a plaidé sa cause avec succès. «On est effectivement prêt à retirer cette disposition réglementaire», a répondu M. Dorais, précisant que «c’est un très vieux règlement qui provient de la vieille Ville de Montréal».La nouvelle a réjoui Manon Ricard. «Je l’ai bien pris», a-t-elle commenté.
L’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie a modifié ce règlement en 2012. Celui du Plateau-Mont-Royal l’avait abrogé deux ans auparavant. Le Sud-Ouest ira donc dans le même sens. «Par contre, on va le baliser», a indiqué Benoit Dorais.
«Le règlement visait à éviter que les gens laissent leur auto stationnée au même endroit pendant une période prolongée», a expliqué Serge Fortin, chargé de communication à l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie. On voulait s’assurer que les résidents puissent avoir accès aux espaces de stationnement dans leur rue en empêchant une utilisation abusive: quelqu’un qui garerait son véhicule récréatif tout l’hiver, une entreprise qui laisserait ses camions toute la semaine, un atelier de mécanique qui stationnerait les véhicules en réparation, etc.
Pas d’abus
Pas question donc pour l’arrondissement de jeter le bébé avec l’eau du bain. Si on entend modifier la réglementation, on compte néanmoins s’assurer qu’il n’y ait pas d’abus. «On ne va pas tout simplement l’enlever pour que tout le monde puisse se stationner pendant plus de 24 heures», a prévenu Benoit Dorais, qui a justement en tête les poids lourds, les véhicules récréatifs et autres.
«Il y a des gens qui ont toutes sortes de véhicules, qui stationnent dans la rue, a-t-il mentionné. On les voit s’enlever seulement quand il y a un balai mécanique qui passe ou l’hiver, quand il y a un panneau qui indique qu’il va y avoir du déneigement.»