«Je veux que mes nouveaux policiers s’ancrent dans la communauté»
«Il ne faut pas travailler en silo. On doit travailler ensemble à trouver des solutions. Pour ça, il faut que tu connaisses la réalité du contexte dans lequel tu vas travailler quand tu sors de l’Institut de police», lance Claude Lizotte, commandant du poste de quartier 30 du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
À l’occasion de la Semaine nationale de la police, le PDQ 30 avait invité Métro à assister à l’introduction de nouveaux agents de la paix au milieu communautaire local.
«Saint-Michel a un ADN très communautaire, on veut travailler proche des gens, des jeunes. Je veux que mes nouveaux policiers s’ancrent dans la communauté», poursuit M. Lizotte.
Pendant deux jours, quatre nouvelles recrues ont ainsi rendu visite à des organismes communautaires qui ont pignon sur rue dans le quartier. C’est un moyen pour eux de mieux connaître les citoyens, mais aussi de savoir quelles ressources recommander, par exemple à des jeunes marginalisés.
«Il faut qu’ils sachent où [ils] sont, ce qu’ils aiment», ajoute le commandant du PDQ 30.
Aller plus loin que les appels d’urgence
Les quatre nouvelles recrues sont affectées à la prise en charge des appels d’urgence. Mais pour être efficace au bout de la ligne du 911, il est indispensable de connaître son quartier, croit Claude Lizotte.
«Il faut que je les conscientise qu’ils vivent dans une communauté, qu’ils aient le réflexe de dire « Connais-tu la Maison des jeunes? »», évoque le patron du poste de quartier.
Le directeur du Centre Lasallien, Paul Evra, a entre autres offert une visite guidée du centre socioéducatif aux agents. Pendant une demi-heure, il a fait le tour des lieux et de la foule de services qui y sont offerts.
C’est important ce contact. C’est bien que vous soyez là, merci pour ça.
Un intervenant du Centre Lasallien
Il a entre autres évoqué les paniers de Noël apportés par la fondation Chris Boucher – joueur de basketball montréalais vainqueur des finales de la NBA en 2019 avec les Raptors de Toronto. Dans la foulée, Claude Lizotte lui a proposé l’aide du SPVM pour la livraison. Une démarche qui s’inscrit dans l’esprit de ces journées de rencontres du milieu communautaire.
Le rôle central du milieu communautaire
Interrogé sur le manque de représentativité des minorités visibles au sein des forces de l’ordre, Claude Lizotte rappelle que la campagne «Deviens agent de changement», lancée à Saint-Michel l’an dernier, tout comme le programme AEC diversité policière, visent à «combler ce retard».
Les enjeux sociaux sont centraux à Saint-Michel, où plus de la moitié des habitants sont issus de la diversité culturelle, selon le commandant du PDQ 30. Ce genre de formation est assez inédite au SPVM. Le commandant souhaite pérenniser le programme d’accueil communautaire chaque année.
«Si tu ne prends pas le pouls de ça, tu vas rater quelque chose. Tous les nouveaux policiers doivent avoir un contact minimal avec la communauté», estime Claude Lizotte.
Les organismes visités semblaient d’ailleurs avoir apprécié l’initiative.
«Merci d’être là, ça permet de vous reconnaître dans la rue. Quand je vous vois passer en voiture, je saurai qui vous êtes. On vous demandera parfois de venir avec nous sur le terrain», souriait Ahmed, de l’Action citoyenne de Saint-Michel.
Une fois le lien fait entre la communauté et la police de quartier, il sera important de le maintenir, ajoute Claude Lizotte. Cela passera par l’écoute et le dialogue, qui ne seront fructueux que si les agents de la paix sont vraiment proches de tous les citoyens.