Sur les planches contre le suicide
Difficile de parler de ce drame sans toucher des cordes sensibles. «Au Québec on connait tous quelqu’un de près ou de loin touché par le suicide», présente le musicien Antoine Fortin. Pour celui qui accompagne les artistes au piano, prendre part à cette production n’est pas seulement une expérience professionnelle. «Le sujet permet d’explorer les différentes eaux. Pour préparer cette pièce, j’ai exploré la solitude», présente-t-il.
«Le mal de vivre c’est dur, c’est une autre dimension », poursuit sa mère et actrice Marielle Grenier, affectée par le suicide récent d’un proche.
«Il y a différentes intensités, c’est une zone difficile à pénétrer de l’extérieur», témoigne la conseillère dramaturgique Ariane Bourget qui a déjà travaillé pour Suicide action Montréal.
Une pièce axée sur la communication
En plus d’être axée sur le deuil, la pièce traite de sentiments aussi divers que la honte, l’orgueil, l’égocentrisme et la communication. «Dans la souffrance extrême on retrouve chaque être humain. Le silence vient rythmer le dialogue de la pièce et la honte se glisse dans la ponctuation», note Mme Bourget.
«Ce n’est pas juste une pièce sur le suicide mais sur une partie de l’être humain. Une personne qui n’est plus là c’est étrange comme sensation. On souffre de l’absence de l’autre, on est centré sur soi, sur ce que l’on perd car on dépend de cette personne», précise Mme Grenier.
Les artistes insistent sur l’importance de rétablir les liens de communication.
«On peut tout faire à partir de chez soi, tout est à notre portée, il y a urgence de rétablir le contact», dit M. Fortin.
«Il y a souvent un cliché autour du suicide alors que souvent ce sont les gens qui ont tellement d’amour mais qui refusent de communiquer. Il n’y a pas un genre de personne touchée par le suicide il faut s’intéresser au genre humain», ajoute Mme Raymond.
Cette dernière a trouvé le moyen de « s’éloigner d’un mal de vivre potentiel» : monter sur les planches!
Histoire de famille
En plus de résider dans le quartier, les artistes sont intimement liés. Alors que Marie-Christine Raymond est une amie d’Ariane Bourget, cette dernière est la conjointe d’Antoine Fortin, lui-même fils de Marielle Grenier! Tous aiment le quartier pour son calme, apprécié lorsque l’on a une vie d’artiste. «Le Nightlife ne vient pas à toi, tu vas au nightlife», illustre Mme Bourget. Ils sont aussi unanimes sur le sentiment d’appartenance, faisant référence aux dernières manifestations étudiantes. «Quand j’ai vu « Villeray Désobéit » je me suis sentie interpellée, je suis Villeroise», sourit Ariane Bourget approuvée par ses pairs.
Ceux qui l’ont connu présente cinq corps, penchés sur l’absence criante d’un homme : Élie, l’écrivain suicidé. Leitmotiv remettra un dollar par billet vendu à la Fondation Dédé Fortin qui contribue aux efforts de prévention du suicide au Québec.