Soutenez

L’Associated Press était là: la fin du siège de Waco

FILE - In this April 19, 1993 file photo, flames engulf the Branch Davidian compound in Waco, Texas. Doomsday cult leader David Koresh's apocalyptic vision came true when the fire believed set by his followers destroyed their prairie compound as federal agents tried to drive them out with tear gas after a 51-day standoff. As many as 86 members of the Branch Davidian religious sect, including Koresh and 24 children, were thought to have died as the flames raced through the wooden buildings in 30 minutes. Only nine were known to have survived. (AP Photo/Susan Weems, File) Photo: The Associated Press

WACO, Texas — Vers 6 h, le 19 avril 1993, la police fédérale américaine (FBI) a décidé de mettre fin au siège qui l’opposait depuis 51 jours aux membres de la secte des Branch Davidians près de Waco, au Texas.

Les murs des bâtiments ont été défoncés par des blindés et du gaz lacrymogène répandu à l’intérieur. Environ six heures plus tard, de la fumée est apparue, puis des flammes, et bientôt un incendie d’une rare intensité faisait rage.

Le siège avait commencé le 28 février 1993, quand des agents fédéraux étaient venus arrêter le leader de la secte, David Koresh, pour avoir entreposé des armes illégalement. La fusillade qui a éclaté a coûté la vie à quatre policiers et à six membres de la secte.

Les flammes avaient apparemment été allumées par les Branch Davidians, qui avaient probablement répandu du carburant à l’intérieur. Neuf personnes ont réussi à s’échapper; au moins 76 autres — dont une vingtaine d’enfants et d’adolescents — ont perdu la vie, mais le nombre précis de victimes ne sera jamais connu. Au moins 20 personnes, dont Koresh et quelques enfants, avaient été abattues. Un bambin de trois ans avait été poignardé.

La police croit que les Davidians se sont suicidés ou qu’ils se sont tués les uns les autres quand l’incendie a éclaté.

Voici la dépêche originale publiée par l’Associated Press ce jour-là.

————————-

(AP) — La vision apocalyptique de David Koresh s’est concrétisée lundi lorsque des flammes qui auraient été allumées par ses fidèles ont détruit leur propriété, après que des agents fédéraux eurent tenté de les évincer avec des gaz lacrymogènes pour mettre fin à un siège qui durait depuis 51 jours.

Au moins 86 membres de la secte des Branch Davidians, dont Koresh et 24 enfants, semblent avoir perdu la vie alors que les flammes ont mis seulement 30 minutes à dévorer les édifices de bois. Seulement neuf personnes auraient survécu.

Le brasier avivé par des vents vifs a pris naissance vers 12 h 05, six heures seulement après que les agents du FBI eurent utilisé des blindés pour percer des trous dans les murs et lancer du gaz lacrymogène à l’intérieur.

«Je ne peux pas vous décrire le choc et l’horreur que nous avons tous ressentis quand nous avons vu apparaître ces flammes, a dit un porte-parole du FBI, Bob Ricks. Nous nous sommes dit: « Oh mon Dieu, ils se suicident. »»

La procureure générale Janet Reno a indiqué qu’elle avait personnellement approuvé l’assaut, dans l’espoir de provoquer une fin pacifique du siège. Elle a admis n’avoir jamais envisagé que «le risque d’un suicide collectif était élevé», même si Koresh avait prévenu la semaine dernière que tout agent qui essaierait de lui faire du mal serait «dévoré par le feu».

Les responsables fédéraux ont expliqué que le bilan exact ne serait pas connu tant qu’ils n’auraient pas fouillé un dédale de passages souterrains. Les fouilles commenceront mardi, quand les décombres auront refroidi.

«Nous pouvons simplement supposer qu’il y a eu une perte massive de vies, a dit M. Ricks. C’était un véritable enfer de flammes.»

M. Ricks a expliqué que les agents avaient fouillé un autobus enseveli où, selon les survivants, les enfants s’étaient réfugiés, mais ils n’y ont trouvé que deux ou trois corps.

Le FBI avait précédemment indiqué que deux femmes membres de la secte étaient enceintes, dont une qui devait accoucher en mai. Elles ne semblent pas avoir survécu.

Quatre survivants, dont une adolescente de 16 ans, ont été hospitalisés en raison de brûlures et de fractures; les cinq autres sont détenus à titre de témoins.

Un survivant a raconté que les habitants des bâtiments avaient allumé les flammes, selon un porte-parole du département de la Justice, Carl Stern. Un homme a dit avoir entendu d’autres membres de la secte dire: «Le feu a été allumé, le feu a été allumé», au moment où il s’enfuyait.

M. Ricks a affirmé que plusieurs témoins, dont des tireurs d’élite du FBI postés à l’extérieur, avaient vu des membres de la secte allumer les flammes.

Des agents ont raconté avoir vu un homme qui portait un masque à gaz et un uniforme noir lancer quelque chose, puis des flammes ont explosé. L’homme «était agenouillé et ses mains étaient ensemble, et une flamme en est apparue», a rapporté M. Ricks.

De plus, a-t-il poursuivi, un homme trouvé vivant lundi après-midi a affirmé que du carburant avait été épandu partout dans l’enceinte et que les flammes avaient été allumées en plusieurs endroits simultanément.

«Nous n’avons pas mis le feu à cette enceinte, a assuré M. Ricks. Selon nous, David Koresh a donné l’ordre de se suicider, et ils lui ont tous obéi volontairement… Il (Koresh) voulait qu’autant de gens que possible soient tués dans l’enceinte. C’est pour ça qu’ils l’appelaient le « Ranch Apocalypse ».»

L’avocat de Koresh, Dick Deguerin, prétend que l’intervention du FBI a changé le cours des choses.

«La situation a changé quand le FBI est revenu et a injecté du gaz lacrymogène et a défoncé les murs, a-t-il dit. Pour les gens à l’intérieur, la seule possibilité était que l’apocalypse venait de s’abattre sur eux.»

Plus tard pendant la journée, Mme Reno a dit aux journalistes que l’assaut du FBI devait être «un pas vers l’avant» qui aurait «augmenté la pression» sur les membres de la secte pour mettre fin au siège.

«Évidemment, a-t-elle dit, si j’avais pensé qu’il y avait un risque important de suicide collectif, je n’aurais jamais approuvé ce plan.»

La mère de Koresh, Bonnie Haldeman, a vertement critiqué le FBI lundi après-midi, pendant que les ruines fumaient toujours.

«Je ne sais pas ce que David a fait, a-t-elle dit au téléphone, sa voix tremblante. Je ne peux pas parler pour les gens qui étaient à l’intérieur ou pour ce qu’ils ont fait. Je ne sais pas ce qu’ils pensaient. (…) C’était des gens qui respectaient la loi et qui craignaient Dieu. Ils ne faisaient de mal à personne. C’est ridicule. Ils vont payer.»

L’intervention de lundi a commencé bien avant l’aube, lorsque des agents fédéraux ont informé les voisins de la concession que «ça va se terminer aujourd’hui», selon Melanie Felton, une éleveuse qui habite à proximité. À 5 h 55, le FBI a téléphoné à Steve Schneider, qui était apparemment le bras droit de Koresh, pour l’informer que du gaz lacrymogène serait utilisé si les membres de la secte ne se rendaient pas immédiatement. Schneider a raccroché.

Un blindé M-60 s’est alors approché du coin sud-ouest de l’enceinte, a percé un trou dans le mur et a injecté le gaz. Au moins 75 ou 80 balles ont été tirées de l’intérieur de l’enceinte.

Les agents ont continué à percer des trous pendant tout l’avant-midi, et M. Ricks s’est adressé calmement à la presse vers 10 h 30.

«L’intervention d’aujourd’hui ne signifie pas que notre patience est épuisée, a-t-il dit. L’intervention d’aujourd’hui était, selon nous, la prochaine étape logique dans une série d’interventions pour mettre fin à cet épisode.»

M. Ricks a ajouté que les responsables croyaient que le gaz lacrymogène était la meilleure tactique pour éviter un suicide collectif, puisque cela «sèmerait la confusion à l’intérieur de l’enceinte».

Mais moins de 30 minutes plus tard, de la fumée et des flammes sont apparues. Les pompiers, qui n’étaient pas sur place au moment de l’assaut, ne sont arrivés que vers 12 h 30, alors que la plupart des édifices avaient déjà brûlé.

M. Ricks a refusé de remettre en question la décision de ne pas avoir demandé la présence des pompiers dès le début, en expliquant que les tirs des membres de la secte et les explosifs entreposés à l’intérieur de l’enceinte auraient été dangereux pour eux.

Le produit chimique injecté dans la concession, le CS2, est une poudre fine qui irrite les yeux, le nez et la gorge, selon un spécialiste de l’armée américaine.

Le CS2 est éjecté par un tube d’air comprimé, ce qui n’implique ni flammes ni explosifs.

Du gaz a été envoyé par la porte d’entrée principale, dans la pièce qui aurait été la chambre de Koresh, dans l’autobus enseveli et dans le réseau de tunnels souterrains, a expliqué M. Ricks lors d’une conférence de presse en matinée.

«Nous allons continuer à les gazer et à leur rendre la vie aussi insupportable que possible jusqu’à ce qu’ils sortent», avait-il expliqué.

Le siège a commencé le 28 février, lorsqu’une perquisition du Bureau of Alcohol, Tobacco and Firearms (ATF) a dégénéré en fusillade qui a coûté la vie à quatre agents. La secte prétend que six de ses membres ont aussi été tués. L’ATF disait disposer d’un mandat d’arrestation contre Koresh pour des crimes liés aux armes à feu.

Des 25 enfants qui se trouvaient dans l’enceinte à l’aube du dernier jour, 17 étaient âgés de dix ans ou moins. Trente-sept personnes, surtout des enfants, étaient sorties pendant le siège. Koresh avait plus tard annoncé que 94 fidèles étaient toujours à ses côtés.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.