Soutenez

Nobel de chimie: les inventeurs des batteries au lithium-ion récompensés

Nobel de chimie: les inventeurs des batteries au lithium-ion récompensés
Akira Yoshino, l'un des récipiendaires du Nobel de chimie en 2019 Photo: Tomohiro Ohsumi/Getty Images

Le prix Nobel de chimie a mis à l’honneur mercredi un Américain, un Britannique et un Japonais, inventeurs de la batterie au lithium-ion qui équipe smartphones et voitures électriques et dont la demande explose face à l’urgence climatique.

Le Nobel récompense l’Américain John Goodenough, qui devient à 97 ans le plus vieux lauréat du Nobel de l’histoire, le Britannique Stanley Whittingham, né en 1941, et le Japonais Akira Yoshino, 71 ans.

«Ce type de batterie légère, rechargeable et puissante est maintenant utilisée partout», a souligné l’Académie suédoise royale des sciences qui décerne le prix.

«Elle peut stocker des quantités significatives d’énergie solaire et éolienne, ouvrant la voie à une société libérée des énergies fossiles», a-t-elle ajouté.

Dans le sillage des crises pétrolières des années 1970, Stanley Whittingham, aujourd’hui professeur à la Binghamton University, dans l’État de New York, se met en quête de sources d’énergie non-fossiles. C’est ainsi qu’il découvre une méthode pour produire de l’énergie à partir du lithium, un métal si léger qu’il flotte sur l’eau.

John Goodenough, professeur à l’université du Texas à Austin, fait ensuite le pari d’augmenter les propriétés de l’innovation si l’énergie est produite à partir d’oxyde métallique en lieu et place du disulfure. En 1980, il démontre que la combinaison d’oxyde de cobalt et d’ions de lithium peut produire jusqu’à quatre volts. A partir de ces découvertes, Akira Yoshino, 71 ans, crée la première batterie commerciale, en 1985.

«Je pense que le changement climatique est un défi très grave pour l’humanité et les batteries au lithium-ion peuvent stocker de l’électricité», a réagi Akira Yoshino, professeur à l’université Meijo de Nagoya au Japon, interviewé après l’annonce de son prix.

«Dans le contexte de crise climatique que nous connaissons aujourd’hui», ces découvertes «profitent à l’humanité de bien des façons», juge Pernilla Wittung-Stafshede, membre de l’Académie royale des sciences, interrogée par l’AFP.

Si au début, 6% de la production mondiale de lithium seulement était destinée aux batteries, elle en représente aujourd’hui 35%. Outre les batteries, il sert dans la fabrication de vitres, de céramiques, d’aluminium, de médicaments.

«Notre vie de tous les jours dépend de cette batterie lithium-ion. Que ça soit dans nos portables, nos ordinateurs, les voitures hybrides ou électriques, tous ces objets électroniques sont à base de de la technologie lithium-ion», a expliqué à l’AFP Jean-Marie Tarascon, un chimiste et professeur au Collège de France.

Tirée par une demande en hausse, la production mondiale n’a cessé de croître ces dernières années : de 74% en 2017, puis de 23% en 2018 à 85 000 tonnes de lithium, selon le rapport annuel du Service géologique des États-Unis (USGS).

En 2018, l’Australie a été le premier producteur mondial de lithium (51 000 tonnes), suivie du Chili (16 000), de la Chine (8 000) et de l’Argentine (6 200).

Le prix de chimie 2018 était allé à l’Américaine Frances Arnold et à son compatriote George Smith ainsi qu’au Britannique Gregory Winter pour leurs travaux exploitant les mécanismes de l’évolution en vue de créer de nouvelles et de meilleures protéines en laboratoire.

La médecine a ouvert le bal des Nobel 2019 lundi avec le sacre de deux Américains, William Kaelin et Gregg Semenza, ainsi que du Britannique Peter Ratcliffe, auteurs de découvertes sur l’adaptation des cellules au manque d’oxygène qui ouvrent des perspectives prometteuses dans le traitement du cancer et de l’anémie.

Le prix de physique est allé mardi au Canado-Américain James Peebles, qui a mis ses pas dans ceux d’Einstein pour éclairer sur les origines de l’univers, et aux Suisses Michel Mayor et Didier Queloz qui, les premiers, ont révélé l’existence d’une planète en dehors du système solaire.

Suivra la littérature jeudi qui doit voir sacrés deux lauréats, l’un pour 2018, l’autre pour 2019, après que l’Académie suédoise qui le décerne en a reporté l’attribution l’an dernier en raison d’un scandale d’agression sexuelle.

Le nom du lauréat du Nobel de la paix sera dévoilé vendredi à Oslo avant le prix d’économie qui conclura cette saison lundi.

Les lauréats reçoivent un chèque de neuf millions de couronnes (1,22M$), à se partager le cas échéant entre récipiendaires d’un même prix, ainsi qu’une médaille et un diplôme.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.