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Bienveillance

Le ministre fédéral de l'Infrastructure et des Collectivités, François-Philippe Champagne, le premier ministre François Legault et la mairesse de Montréal, Valérie Plante, tiennent un point de presse concernant la venue de la multinationale japonaise Denso à Montréal pour établir son centre de recherche en intelligence artificielle. Photo: Josie Desmarais/Métro

Ça pourra sembler contre-intuitif à plusieurs, mais je crois que l’engagement émotionnel qu’implique la bienveillance est une des choses qu’on gagne à cultiver en politique. C’est particulièrement vrai quand il s’agit de traiter d’enjeux délicats et complexes, comme c’est le cas pour l’immigration. À ce chapitre, le premier ministre du Québec, François Legault, affiche quelques lacunes et cumule les déclarations qui trahissent son désintérêt envers certaines catégories de Québécois.es.

Quand il parle d’immigration ou d’interdictions d’habits religieux, il a la froideur et le détachement d’un gestionnaire d’entreprise. Il ne semble pas s’intéresser à l’effet que peuvent provoquer les paroles d’un premier ministre qui affirme, par exemple, vouloir privilégier l’immigration française et européenne, alors que dans les derniers mois, il a répété que son gouvernement abaisserait les seuils d’immigration. Comme s’il évoquait une machine plus performante pour sa business.

Tout le monde a compris le sous-texte. Et quel mépris dans ce sous-texte!

M. Legault perpétue le mythe selon lequel certains groupes ethnoculturels ne sont pas un «bon match» pour le Québec. Il dit se préoccuper de la langue et des qualifications; pourtant, il y a de nombreux groupes d’immigrants autres qu’européens qui maîtrisent la langue française et qui, en plus, attendent depuis longtemps que leurs qualifications soient reconnues.

Ces propos ne sont pas anodins. Ce que les politicien.nes disent a un effet sur les rapports sociaux. C’est pourquoi il est préoccupant d’entendre le premier ministre s’exprimer comme si les immigrant.es n’étaient qu’une marchandise parmi d’autres, à sélectionner selon quelques critères de rentabilité. Le sujet nécessite davantage d’humanité.

Me viennent à l’esprit des visages de personnes installées au Québec par choix, des gens qui font leur bout de chemin ici, qui enrichissent la société et contribuent à faire du Québec ce qu’il est.

Mais le premier ministre semble émotionnellement désengagé du dossier «immigration»; il y incarne tout ce que la politique a de plus aride. Alors que pour un tel sujet, on aurait besoin précisément du contraire, de doigté et de sensibilité, d’une approche qui assainit le climat, qui cherche à désamorcer l’hostilité qui est si facilement projetée à l’égard de certains citoyen.nes qu’on juge incompatibles avec le Québec, notamment les Québécois.es de confession musulmane. Oui, on aurait bien besoin de bienveillance: plus il y en a en politique, plus on gagne.

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