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Pourquoi je m’occupe d’un animal antipathique

Photo: Instagram/ Christine Manzo

J’ai une chatte de trois ans et demi qui s’appelle Patsy et qui est absolument magnifique. Je sais que tous les propriétaires d’animaux disent qu’ils ont les plus beaux, mais dans mon cas, c’est vrai. (Libre à vous de croire ou non la phrase précédente.)

Au moment où j’ai adopté Patsy, je venais de déménager de Montréal à Amqui pour commencer à faire de la radio et je me sentais un peu seule dans mon 2 ½ à sept heures de route de ma famille et de mes amis. On m’a partagé l’annonce d’une portée de chatons sur Facebook: j’ai tout de suite spotté la petite «chamoirée» gris et crème avec une seule patte complètement beige et des grands yeux brillants. Coup de foudre instantané!

Les premières semaines, les premiers mois, Patsy était cute à mort, mais elle était un MONSTRE. Je ne pouvais pas marcher sans me faire bouffer les pieds, je ne pouvais pas la flatter sans qu’elle me mordille les doigts, je ne pouvais pas m’approcher sans qu’elle sursaute et se mette en mode attaque. Jusque là, je me disais que c’était un bébé et que tout était normal, que ça s’arrangerait avec le temps… Hé bien, Patsy est devenue une chatte adulte toujours aussi désagréable!

En fait, j’ai compris qu’elle est ultra craintive et que la moindre approche un tout petit peu brusque active son mécanisme de défense: devenir un monstre d’agressivité qui fait peur même aux hommes les plus baraqués. Pour vrai, Patsy terrorise les gens à leur première visite chez moi. Les plus courageux d’entre eux reviennent mais restent constamment sur leurs gardes. Elle grogne, elle crache, elle frappe les pieds des gens et parfois s’agrippe à leurs jambes. La seule chose qu’elle ne fait pas, thank god, c’est mordre. Elle n’a jamais blessé personne, mais elle les traumatise un peu (beaucoup). Le chat dont tout le monde rêve, quoi!

Beaucoup de gens se demandent pourquoi je garde un animal comme ça. Si vous vous posez la question, je commencerai par vous répondre que ma Patsy n’est pas exclusivement méchante: elle me colle souvent et me laisse la prendre, la flatter et lui donner plein de becs, quand ça lui tente. Elle dort toutes les nuits avec moi et vient me donner des petits coups de tête pour me réveiller et se faire cajoler quand l’alarme sonne. Elle m’accueille dès que j’entre dans la maison et elle apparaît en quelques secondes quand je l’appelle. Elle me fait tellement de bien! J’ai appris à la connaître et à respecter ses limites, ses caprices aussi. Je sais comment l’approcher, je sais où je peux la toucher et quand je dois arrêter. Je suis la seule personne en qui elle a vraiment confiance.

Si vous vous demandez pourquoi je garde une chatte pas fine comme ça, je vous répondrai qu’il faut se rappeler qu’il s’agit d’un animal et que même si on a l’habitude d’en voir des plus sympathiques, ça demeure des créatures imprévisibles qu’on ne peut pas toujours contrôler. Je vous répondrai aussi que quand je l’ai adoptée, j’ai signé dans ma tête et dans mon cœur un contrat qui me rend responsable d’un être vivant, qu’il soit gentil ou méchant. Je vous répondrai que si je choisissais de m’en débarrasser, je connais le sort qui lui serait réservé. Peu de gens voudraient d’une chatte comme ma Patsy. Mais moi, comme tous les propriétaires d’animaux, je trouve que c’est la plus belle. Peut-être pas la plus fine, c’est vrai, mais je l’aime comme un membre de la famille. Et la famille c’est pour la vie… Ce qui explique pourquoi je continuerai de m’occuper de cet animal adorablement antipathique qui est le mien jusqu’à la fin.

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