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À propos des idiots

Photo: Métro

Dans ma dernière chronique, j’ai utilisé le mot «idiot» pour définir la façon dont certaines personnes se voient.

De toute évidence, on ne traite pas quelqu’un «d’idiot» pour être gentil. Aujourd’hui, ce mot ne sert qu’à dénigrer quelqu’un. Mais saviez-vous, qu’à l’origine, ce terme n’était pas méprisant?

Les mots tels que «débile», «imbécile» et «idiot» étaient des termes techniques utilisés par les psychologues pour désigner des personnes au QI faible. Une personne dont le QI se situait entre 51 et 70 était qualifiée de «débile», entre 26 et 50, «d’imbécile», et en deçà de 26, «d’idiote».

Aujourd’hui, ces termes peuvent sembler barbares, mais ils étaient plutôt neutres à l’époque. Puis, les gens ont commencé à les utiliser comme des insultes. On les a donc remplacés par l’expression «arriéré mental». Les personnes qui avaient un QI faible n’étaient pas idiotes; elles accusaient tout simplement un retard dans leur développement mental.

Peu de temps après, le terme «arriéré» était utilisé dans les cours d’école comme l’injure suprême : «Espèce d’arriéré!»

Et la tendance s’est maintenue. Les étiquettes telles que «déficient intellectuel» et «handicapé mental», et même les termes soi-disant positifs tels que «exceptionnel» et «spécial», partent et reviennent dans notre langue. On dirait que les nouvelles expressions servent rapidement à stigmatiser autrui.

Ce phénomène se fait également sentir auprès des gens souffrant de maladies mentales. Dans nos nobles efforts pour lutter contre la stigmatisation, nous continuons à préciser aux gens les termes qui sont acceptables, et ceux qui ne le sont pas. Par exemple, on parlera d’une personne «souffrant de problèmes mentaux», plutôt que «d’un malade mental».

Je crois que nous regardons le problème par le petit bout de la lorgnette. Les mots sont de simples coquilles contenant la signification que nous leur donnons par notre attitude. La langue évolue constamment et se transforme au gré des références que nous créons. Ainsi, un terme peut avoir une connotation bonne ou mauvaise, selon le contexte et l’usage que l’on en fait.

Notre attitude à l’égard des personnes «atteintes de maladies mentales» déterminera si le terme se verra attribuer une signification négative ou pas.

Parfois, les mots deviennent si péjoratifs que nous n’avons pas le choix de cesser de les utiliser. Au lieu d’essayer de tenir la cadence en matière de «rectitude», je pense qu’il serait plus simple de traiter les gens avec respect. Les termes utilisés n’auront alors plus autant d’importance.

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