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Quand une famille d’accueil devient une vraie famille

Photo: TC Media
Laurie Gobeil - Le Lac-St-Jean / TC Media

Contrairement à la croyance populaire, il n’est pas seulement question de fin tragique lorsqu’un couple décide de devenir famille d’accueil. L’histoire de Jean-Philippe Martin et Étienne Trépanier en est un superbe exemple.

C’est au cours de leurs études à Montréal que Jean-Philippe et Étienne ont débuté leur relation, il y a maintenant 19 ans. L’envie d’avoir un enfant se présente très tôt pour Jean-Philippe alors que pour Étienne, c’est différent.

« Quand tu es un homme gai, tu écartes plus rapidement la possibilité d’avoir un enfant. Je ne me voyais pas avoir un enfant avec un gars. D’ailleurs, je me souviens quand j’ai fait mon « coming-out », la première parole de mon père avait été qu’il ne pourrait jamais bercer ses petits-enfants», se remémore Étienne, précisant que lors de la fatidique annonce, tu es quand même prêt à entendre ce genre de paroles.

Jean-Philippe et lui décident de venir s’installer en région, achètent une terre à Lac-Kénogami, se bâtissent une maison et petit à petit, sans qu’il ne le voie venir, le désir d’avoir un enfant naît chez lui.

« Les années passent et à 34 ans, un petit quelque chose se passe dans notre tête. Le désir est apparu et on commençait à voir des couples avec des enfants», se rappelle-t-il.

Les avenues envisagées
L’idée de faire appel à une mère porteuse est rapidement écartée, notamment, en raison du coût important relié à l’opération. Ils envisagent un moment de procéder avec une amie, mais pour ne pas mettre en péril leur amitié, au cas où ça tourne mal, ils renoncent à l’idée. L’adoption internationale étant complexe pour les gais, ils y renoncent aussi. C’est en voyant un couple près d’eux que l’avenue de devenir famille d’accueil leur apparait intéressante.

«Lors de la rencontre d’information, nous étions évidemment le seul couple gai, mais nous avons senti après avoir pris la parole que les gens s’intéressaient à nous. Rapidement nous sommes entrés dans le processus et avons passé par les mêmes étapes qu’un couple hétérosexuel», de raconter Étienne.

Leur préférence se porte vers les enfants 0-5 ans dans le but de pouvoir adopter plus tard. La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) ne peut jamais promettre une fois l’enfant placé s’il restera, mais le couple garde espoir qu’il aura sa chance.

Le début d’une épopée
Un premier enfant leur est confié pour une période de 5 mois, alors qu’elle a à peine un an. Évidemment, le départ est difficile, mais ce qui met un baume sur leur cœur, c’est l’arrivée d’un deuxième enfant, une petite fille d’un mois et demi.

« C’était ça qu’on voulait. On voulait pouvoir avoir un enfant le plus tôt possible pour lui inculquer nos valeurs et lui offrir notre style d’éducation », explique Étienne.

Les contrecoups des visites obligatoires avec les parents sont lourds et c’est un bout difficile à passer pour le couple. La petite fait aussi des crises qu’on a du mal à expliquer.

« Après avoir vécu des moments très difficiles avec notre première fille, les choses se sont tassées. On oublie et le désir revient.»

Ils donnent donc leur accord pour un autre enfant, préparent la chambre, les vêtements, bref tout, ne sachant pas quand un bébé pourrait arriver.

« Il faut tout le temps que tu sois prêt. Nous étions au retour de Noël, les semaines passent, les mois passent et en juillet, le téléphone sonne.»

C’est la DPJ qui leur offre d’aller chercher un deuxième enfant, de 4 jours seulement, au cours de la prochaine heure, à l’hôpital. La décision doit être rapide.

Étienne Trépanier décide donc de saisir cette chance et se rend à l’hôpital, coquille à la main. Il revient avec son poupon à la maison… heureux! Les visites des parents au départ programmés à raison de trois fois par semaine s’espacent graduellement.

« Les parents ne se présentaient même plus. Alors, je ne devais même plus me rendre à Saguenay. Après environ un mois, après une bonne période d’absence, j’ai reçu l’appel de la mère qui me disait être contente qu’on prenne soin de sa fille et qu’elle serait bien avec nous. J’ai su qu’elle venait de faire une coupure », de raconter le papa, qui très rapidement a pu procéder  à l’adoption avec son conjoint.

Aujourd’hui, Anaïs 5 ans [nom fictif, car toujours sous la protection de la jeunesse] et Océanne 3 ans, comblent de bonheur leur papa.

« On veut donner l’espoir aux familles d’accueil. Oui, c’est triste en partie, car la DPJ peut reprendre un enfant, mais l’adoption est aussi possible », de terminer Étienne Trépanier.

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