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Non, le lait au chocolat n’améliore pas la récupération des sportifs

Photo: Getty Images/iStockphoto

Les médias, la publicité et bien des athlètes rapportent régulièrement que le lait au chocolat améliore la récupération chez les sportifs après un effort intense, une compétition ou un entraînement. Or, c’est faux.

Le lait au chocolat contient des glucides et des protéines, deux éléments particulièrement recommandés aux sportifs après leur entraînement, ainsi que du gras, de l’eau et des électrolytes: l’idéal, sur papier, pour se remettre d’un gros effort physique.

Il est pour cette raison souvent présenté comme un produit de récupération efficace auprès des adeptes de sports d’endurance.

Des études favorables mais limitées
Certes, une revue de la littérature scientifique permet de découvrir de nombreuses études qui valorisent les bienfaits du lait au chocolat en matière de récupération. Leurs résumés font bel et bien état de divers bienfaits du lait au chocolat, particulièrement pour les sports d’endurance.

Par contre, leurs échantillons sont souvent limités. On parle, par exemple, d’équipes de water-polo d’une dizaine d’adolescents sur une session de collège de quelques mois, de groupes de six coureurs masculins pendant quelques semaines ou de neuf cyclistes masculins sur une seule saison de compétition…

Qui plus est, ces études sont souvent financées par des sociétés comme Mars, General Mills ou directement par le Dairy Council américain.

Des études plus critiques
Les spécialistes qui mettent l’accent sur les effets positifs du lait au chocolat après le sport négligent souvent de mentionner que d’autres études concluent exactement le contraire.

C’est le cas, notamment, d’une étude publiée en 2018 par des chercheurs des universités de l’Indiana, de l’Utah et d’Appalachian State. Ils se sont penchés sur la performance et la récupération de cyclistes après un entraînement en milieu naturel ou un contre-la-montre de 40 km. Durant des périodes post-exercice de deux heures, les sportifs devaient consommer soit du lait au chocolat faible en gras, soit des boissons pour sportifs (comme le Gatorade).

Les chercheurs n’ont enregistré aucun changement quant à la performance ou la récupération, même s’ils consommaient des portions plus grandes de boissons sportives. Mais cette étude présente les mêmes faiblesses que celles qui vantent le lait au chocolat: l’échantillon est minuscule, avec 12 cyclistes.

On retiendra aussi une autre étude publiée en 2018 dans le Journal of Sports Medecine and Physical Fitness, dans laquelle des chercheurs se sont penchés sur la consommation de lait au chocolat faible en gras par des triathloniens. Ils n’ont observé aucun changement physiologique. On constate ici la même faiblesse méthodologique: un échantillon de neuf athlètes, tous masculins…

Une étude de plus grande envergure, parue en 2017, fait cependant pencher la balance des preuves du côté des sceptiques. Il s’agit d’une méta-analyse parue dans le European Journal of Clinical Nutrition et qui conclut elle aussi que le lait au chocolat n’a aucun bienfait du point de vue de la récupération sportive.

Une question de perception
D’où viendrait alors cet attrait pour le lait au chocolat? Peut-être une question de perception, ont conclu, entre autres, la chercheuse Sharon Lauricella et l’étudiante à la maîtrise Kayla Koster. Ces deux Canadiennes ont publié, en 2016, une étude dans l’American Communication Journal.

On y lit que les avantages présumés du lait au chocolat proviennent avant tout de la perception des athlètes de haut niveau, qui y sont favorables, particulièrement dans le milieu du triathlon et des compétitions Ironman. Une croyance massivement relayée par les médias sociaux.

Les deux chercheuses considèrent que les avantages présumés du lait au chocolat sont alimentés et entretenus par une «culture hégémonique» chez ces athlètes, qui se transforment de facto en agents de marketing de l’industrie laitière, contournant du coup la littérature scientifique critique des avantages du produit.

Elles ajoutent que cette perception serait alimentée par l’industrie laitière, qui finance la recherche avantageant le produit, ainsi que par le marketing auprès du milieu du sport amateur. Elles insistent enfin sur le fait que l’industrie est particulièrement habile à exploiter avantageusement les athlètes d’élite, pour en faire des exemples positifs.

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